Sud-Kivu : elles entreprennent, malgré la guerre

Sud-Kivu : les femmes continuent à entreprendre malgré la guerre pour assurer la survie de leur famille.

Sud-Kivu : elles entreprennent, malgré la guerre

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Face à la recrudescence du conflit dans l’est de la RDC, de nombreuses femmes du Sud-Kivu se retrouvent seules pour subvenir aux besoins de leur famille. Malgré l’insécurité et l’effondrement du marché de l’emploi, elles relancent des activités entrepreneuriales pour survivre. Louvain Coopération a décidé de rester et de poursuivre ses activités aux cotés de ses partenaires locaux tel que le GEL Sud-Kivu qui accompagne ces femmes au quotidien à travers le programme « Ensemble pour Elles ».

"Avec la guerre, beaucoup de mères se retrouvent seules pour faire vivre leur famille. Mon mari est parti travailler dans une mine car il ne trouvait pas de travail ici. J’ai très peu de nouvelles et je ne sais pas quand il reviendra avec de l’argent. En attendant, je dois nourrir et scolariser mes enfants… " Nathalie vit à Bukavu, capitale de la province du Sud-Kivu.

Depuis le mois de janvier, le M23, mouvement rebelle officieusement soutenu par le Rwanda, contrôle une partie des provinces des Nord et Sud-Kivu, ranimant un conflit vieux de plusieurs décennies dans cette région. Aujourd’hui, ce sont des dizaines de groupes armés différents qui y sévissent, et s’en prennent à une population exsangue, pourtant très absente des pourparlers politico-financiers qui se jouent actuellement à Washington pour trouver une solution à ce conflit.

Une stratégie de survie faute d’alternatives

Si les conséquences de ce conflit sur les populations civiles sont encore et toujours catastrophiques, les activités, économiques notamment, ont peu à peu repris leur cours dans les zones actuellement pacifiées. C’est le cas à Bukavu : la menace de la faim a poussé de nombreuses femmes à braver la peur et reprendre leur travail, une activité entrepreneuriale informelle dans la plupart des cas.

"Au Sud-Kivu, le marché de l’emploi formel est extrêmement restreint. Les grandes entreprises privées sont peu nombreuses, tandis que le secteur public est saturé et offre très peu d’opportunités d’emploi", explique Marcellin Safari, directeur du GEL Sud-Kivu, une structure spécialisée dans l’entrepreneuriat et partenaire de Louvain Coopération. "Les femmes sont souvent exclues de ces opportunités à cause de discriminations de genre, d’un faible niveau d’instruction ou de normes sociales qui privilégient les hommes dans l’accès aux emplois rémunérés ou aux postes de décisions. L’entrepreneuriat est donc une stratégie de survie et d’autonomisation dans une région où les alternatives sont réduites." 

Entreprendre, malgré la guerre

Si les activités entrepreneuriales ne sont pas très rentables en temps normal, le conflit actuel aggrave considérablement la situation des entrepreneuses : "Les affrontements provoquent des déplacements massifs, la destruction des infrastructures et l’insécurité permanente. Les femmes responsables de micro-entreprises voient leurs champs abandonnés, leurs commerces pillés ou paralysés, et leurs circuits d’approvisionnement perturbés. L’instabilité du taux de change et la rareté des matières premières accentuent les difficultés", détaille Marcellin Safari. Le système bancaire est également à l’arrêt, rendant l’accès aux devises extrêmement compliqué. "De plus, les femmes sont exposées à des risques accrus de violences basées sur le genre. Dans ce contexte, entreprendre devient un défi quotidien : il faut trouver des stratégies de résilience.

Ensemble, pour 100 entrepreneuses

Louvain Coopération et le GEL Sud-Kivu portent l’initiative "Ensemble Pour Elles", qui accompagne 100 entrepreneuses de Bukavu dans leur parcours entrepreneurial, sur les plans technique et psychologique. Elles sont coachées, ont accès à des formations et reçoivent du matériel pour améliorer la rentabilité de leur entreprise. Par ailleurs, elles se rendent régulièrement à "l’Espace Sûr", un lieu dédié aux entrepreneuses, où elles échangent sur leur parcours, leurs difficultés et angoisses, peuvent faire garder leurs jeunes enfants et rencontrer une psychologue. L’objectif : les soutenir et les écouter pour qu’elles puissent poursuivre leurs activités, malgré les obstacles.

Marcellin Safari l’assure : "Ce projet contribue à restaurer la dignité des femmes, à renforcer leur résilience et à leur offrir une perspective durable d’autonomisation. Dans un contexte marqué par les conflits et les crises économiques, il représente une véritable bouffée d’espoir et une opportunité de transformation sociale." 

                                                             Je souhaite parrainer une entrepreneuse