Construire des systèmes alimentaires durables, responsables et inclusifs
Construire des systèmes alimentaires durables, responsables et inclusifs
Pour faire face aux grandes inégalités nées de la globalisation des marchés, Louvain Coopération œuvre depuis plusieurs années au développement de systèmes alimentaires durables. Pour y parvenir, nous développons une approche intégrée et systémique qui vise à optimiser chaque maillon et soutenir chaque acteur de la chaine, du champ à l’assiette.
Saviez-vous qu’au Togo, comme dans la plupart des pays d’Afrique, le riz asiatique coûte moins cher que le riz produit localement ? Cet exemple, choisi parmi tant d’autres, illustre les inepties nées de la globalisation de nos systèmes alimentaires. Une globalisation qui crée de grandes inégalités et tend à maintenir les pays des Suds dans un rôle de production agricole de base à faibles rendements, peu rentable et très dépendant de la fluctuation des prix au niveau mondial.
Louvain Coopération œuvre depuis plusieurs années au développement de systèmes alimentaires durables, c’est-à-dire respectueux de l’environnement, des producteurs et de la santé des consommateurs. Pour y parvenir, il nous est nécessaire de travailler de façon holistique et territoriale, sur l’ensemble des éléments du système et leurs interrelations, car un système alimentaire comprend tous les éléments, facteurs et activités liés à un produit alimentaire, de sa production primaire à sa consommation finale, en passant par les externalités générées par ces activités, y compris les impacts socioéconomiques et environnementaux.
Du champ à l’assiette
Dans nos zones d’intervention, nous veillons de plus en plus à intégrer les différents aspects d’un système alimentaire, grâce à l’approche « chaînes de valeur ». « Concrètement, il s’agit de décrire et d’optimiser les différentes phases de production et de transformation d’une filière agricole, jusqu’à sa distribution aux consommateurs finaux, et sa destruction après utilisation », explique Doriane Desclée, responsable Systèmes alimentaires durables chez Louvain Coopération. « Cette approche contribue à identifier les leviers de génération de valeur et de revenu, à réduire les pertes et gaspillages alimentaires, à améliorer la qualité des produits et à assurer un accès équitable à une alimentation nutritive », ajoute-t-elle.
Nous travaillons donc aux côtés de tous les acteurs qui forment les maillons de cette chaîne, afin de rendre leur travail plus durable, mais également rentable car cette approche vise à garantir une distribution équitable des ressources tout au long de la chaîne. Les producteurs et productrices acquièrent de nouvelles techniques agroécologiques, créent leurs propres intrants naturels, gèrent mieux leurs stocks ; les personnes travaillant à la transformation d’un produit comme l’étuvage du riz ou la production de gari à base de manioc, s’organisent en coopératives et améliorent la rentabilité et l’efficience de leur travail ; les circuits de vente sont réfléchis et améliorés…
De plus, les chaînes de valeur agricoles durables peuvent offrir aux producteurs des incitations économiques pour adopter des pratiques agroécologiques. Par exemple, la diversification des cultures et l'intégration de l'élevage et de l'agriculture peuvent améliorer la résilience des exploitations agricoles face aux chocs climatiques et économiques, tout en augmentant la productivité et en réduisant la dépendance aux intrants externes. En complément, le soutien à la recherche et à l'innovation est crucial pour développer des solutions adaptées aux défis locaux et pour diffuser les meilleures pratiques.
En juin dernier, Doriane Desclée s’est rendue au Burundi et en RDC afin notamment de former nos équipes et partenaires à l’approche « chaînes de valeurs ». « L’objectif était d’expliquer les concepts et méthodes d’analyse des chaînes de valeur et d’apprendre à identifier les barrières, les contraintes, mais surtout les opportunités, effets de levier et moteurs qui se présentent au sein d’une chaîne de valeur. Nous avons partagé nos connaissances sur les chaînes de valeur dont nous soutenons le développement durable et inclusif dans ces zones, à savoir le manioc et le maïs », décrit-elle.
Gordien Nijimbere, chef de projet PROVAPA, visant la valorisation de produits agricoles et artisanaux au Burundi, a pris part à cette formation. Il explique : « Nous y avons vraiment acquis un outil, un support technique pour l’accompagnement des producteurs dans la transition agroécologique. Il va nous permettre de faire l’analyse des chaînes de valeur manioc et maïs et, surtout de mesurer la valeur ajoutée d’une exploitation agroécologique, en renforçant sa transition et en y intégrant notamment des arbres et animaux. »