“Some things I heard, I will never be able to erase them”
“Some things I heard, I will never be able to erase them”
Olivier Le Bussy, journaliste au service international de La Libre Belgique depuis 2007, revient d’un reportage aux Kivus. Il y a découvert les projets de plusieurs ONG actives dans la santé des femmes, dont fait partie Louvain Coopération. Il raconte son expérience.
Dans quel cadre êtes-vous parti en RDC ?
C’était l'initiative de Christophe Smets, photographe, avec qui j’étais déjà parti en Afrique pour faire plusieurs reportages. Ce voyage visait deux objectifs : le sien, qui est un projet d'exposition photo autour du travail de plusieurs ONG belges actives dans la santé des femmes et du Dr Mukwege et, de mon côté, j’ai réalisé plusieurs reportages pour La Libre.
Quelle a été votre impression générale sur le contexte ?
Même si je connaissais et que je m’attendais à ce que ce soit compliqué, ça a été vraiment compliqué… Certaines choses que j’ai entendues, je ne pourrai jamais les effacer. Je pense notamment à un projet de Mamas for Africa, qui accueille les patientes qui doivent être référées à Panzi, l’hôpital de Mukwege. On nous a expliqué que les mères qui allaitent viennent avec leurs enfants. Une des mères était avec sa fille de six ans. On ne comprenait pas pourquoi car elle n’était plus en âge d’être allaitée. Et puis, on a compris : elle aussi était une patiente…
Quels projets de LC avez-vous découvert ?
A Busindé, près de Kavumu, nous avons rencontré une bénéficiaire, Jeannette M'Nterranya, qui a reçu un appui de 750$ après avoir remporté un concours avec son business plan de production de farine de manioc. Elle a également pu suivre un programme d'alphabétisation. Nous sommes ensuite allés au centre de santé de Mugeri, où nous avons assisté à un groupe de parole de jeunes femmes victimes de violences sexuelles et/ou abandonnées par le père de leur enfant, puis rencontré les filles de ce groupe, qui ont monté un commerce de confection de vêtements. Ça c'était vraiment très intéressant. Et puis à Cibimbi, près de Katana, nous avons visité un projet de sécurité alimentaire (planification stratégique annuelle). Une bénéficiaire a augmenté sa production de maïs grâce à l'apprentissage de nouvelles techniques ; une autre pratique la rotation des cultures tomates - haricots/oignons - maïs.
Vous avez vu, chez LC ou chez d’autres, plusieurs projets qui soutiennent les femmes, quelle est votre impression ?
Mon sentiment est que c'est vraiment nécessaire, c'est souhaitable, mais que ce ne sera pas suffisant tant qu'il n’y aura pas d’État qui propose une politique d'éducation un peu raisonnable, une politique de santé... Tout ce qui peut rendre les femmes plus autonomes est le bienvenu, et tout le monde dit ça tout le temps. C’est avec elles que ça fonctionne le mieux.
Et qu’avez-vous pensé des projets de LC en particulier ?
J’ai trouvé ça intéressant, mais le problème est qu’on manque toujours de temps pour se faire une idée claire. Il faudrait que je revienne dans un an ou deux, pour me dire « Ah oui, effectivement, ce groupe de parole ça a bien marché », par exemple… L’idéal serait de pouvoir constater : qu'est-ce qui s'est passé 3 ans après ? Qu'est-ce qui s'est passé à la fin du programme ? Est-ce que les gens s’en sortent vraiment ? Car les projets sont intéressants, mais on ne les voit pas longtemps…