Réveiller nos émotions : le remède contre le déni du changement climatique ?

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Réveiller nos émotions : le remède contre le déni du changement climatique ?

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Salué comme une victoire historique pour l'avenir de l'humanité, l'Accord de Paris engageait tous les États à limiter l'augmentation de la température mondiale à 1,5°C par rapport aux niveaux pré industriels. Cependant, en 2024, la température de la Terre a dépassé ce seuil pour la première fois, et la température moyenne mondiale s’est désormais réchauffée de 1,3°C. Les impacts de ce changement de température sont visibles en ce moment même aux quatre coins du monde.

Article par Mutesi Van Hoecke
Image © Netflix

La manifestation physique de 1,3°C

Entre fin octobre et mi-novembre 2024, l’Espagne a subi des inondations historiques, causant la mort de 223 personnes. Simultanément, les Philippines ont été frappées par six cyclones tropicaux consécutifs, avec des vents atteignant 325 km/h. En décembre, le cyclone Chido a frappé le Mozambique et l’archipel de Mayotte, avec des vents atteignant 225 km/h et des vagues de huit mètres. Il a causé la mort de 120 personnes et blessé près de 900 autres au Mozambique, tandis qu'à Mayotte, 39 personnes ont perdu la vie et plus de 5.600 habitants ont été blessés. Depuis le 8 janvier 2025, des incendies de forêt, accompagnés de vents exceptionnels atteignant 160 km/h, ont détruit près de 40.000 hectares et tué au moins 25 personnes aux États-Unis.

Ces événements confirment les prévisions scientifiques du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) qui en mars 2022 établissaient que les impacts des changements climatiques d'origine humaine s’amplifieraient avec l’élévation globale des températures, entraînant une intensification des phénomènes extrêmes tels que les tempêtes, les inondations et les cycles de sécheresse. Pourtant, les données scientifiques ne parviennent pas à alerter notre cerveau sur la menace climatique, car elles ne sont pas assez stimulantes pour inciter notre cerveau émotionnel à réagir.

Le spectre du déni climatique

À l’origine, les racines du déni climatique résident dans le refus de reconnaître l'existence du changement climatique d'origine humaine. Néanmoins, il peut également se manifester de manière plus subtile, à travers le déni de la gravité des conséquences personnelles ou le déni de la gravité des conséquences mondiales. À l’image du film "Don't Look Up" (2021), lorsque Jennifer Lawrence, jouant le rôle de Kate Dibiasky, avertit les médias de la menace d'une comète se dirigeant vers la Terre, qui pourrait entraîner l'extinction de l'humanité, elle est perçue par la société comme souffrant de troubles mentaux.

Les catastrophes filmées et partagées sur les réseaux sociaux matérialisent cette réalité, comme le souligne la citation actuellement virale de @perthshiremags : "Le changement climatique se manifestera sous la forme d'une série de catastrophes filmées à travers vos téléphones, dont les images se rapprocheront de plus en plus de l'endroit où vous vivez, jusqu'à ce que vous soyez celui qui les filme.". Souvenons-nous des intempéries en Belgique : en juillet 2021, le pays a subi sa catastrophe naturelle la plus meurtrière, lorsque les inondations ont frappé les provinces de Liège, Namur et Luxembourg, causant la mort de 39 personnes. Ces inondations filmées par les victimes elles-mêmes ont permis de constituer une partie du documentaire belge "Après la pluie" (2024) et de rappeler l’ampleur de ce drame.

Un problème environnemental et émotionnel ?

Pour mobiliser l’opinion publique sur ce sujet, il est essentiel de s'adresser simultanément à nos deux systèmes de traitement de l'information : le cerveau rationnel et le cerveau émotionnel selon l’auteur George Marshall. Dans son livre "Don't Even Think About It : Why Our Brains Are Wired to Ignore Climate Change" (2017), il souligne que les méthodes conventionnelles des universités ne sont ni adaptées ni efficaces pour inciter les gens à prendre le changement climatique au sérieux. Il révèle notamment que le défi du changement climatique est principalement psychologique plutôt que techno-scientifique. En effet, le fondateur du World Resources Institute et ancien administrateur du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD), James Gus Speth, considérait que les principaux problèmes environnementaux ne sont pas la perte de biodiversité, l’effondrement des écosystèmes et le dérèglement climatique, mais "l'égoïsme, la cupidité et l'apathie... Et pour les résoudre, nous avons besoin d'une transformation spirituelle et culturelle.".

Convertir les données scientifiques en récits émotionnels et éveiller notre humanité commune, est-ce le remède pour prévenir l'effondrement de notre système ? Chez Louvain Coopération, nous croyons en cette approche et travaillons à intégrer ces enjeux dans des solutions concrètes, tout en sensibilisant le public aux questions environnementales et écologiques.

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Références :