Perceiving invisible distresses
Perceiving invisible distresses
Nombreux sont les pays qui, aujourd’hui encore, stigmatisent les personnes atteintes de troubles de la santé mentale et ne les prennent absolument pas en charge. Pourtant, cette problématique est bien présente, particulièrement dans les pays du Sud où les populations font face à de nombreuses difficultés. Depuis dix ans, Louvain Coopération se bat pour faire intégrer la prise en charge de la santé mentale dans ses pays d’action et venir ainsi en aide aux milliers de personnes qui se trouvent dans une profonde détresse.
Selon l’OMS, sur l’ensemble de la planète, 14% des problèmes de santé sont des troubles d’ordre mental. Cette problématique touche malheureusement davantage les pays dits à faibles et moyens revenus car on y retrouve un grand nombre de facteurs aggravants (angoisses financières, insécurité, menace de maladies,…). Ainsi, les trois quarts des cas de maladie mentale dans le monde se produisent dans ces pays. Pourtant, ces troubles ont longtemps été profondément négligés, laissant la très grande majorité des patients sans traitement.
Une diversité de cas et d’actions à mettre en place
La santé mentale recouvre un très grand nombre de cas, qui s’étendent des maladies psychiatriques nécessitant un traitement médical, aux détresses psychologiques qui peuvent, elles, être prises en charge notamment par l’entourage. Cette seconde catégorie est bien plus répandue dans la population et c’est précisément ici que Louvain Coopération est active. « Nous ne négligeons absolument pas les maladies psychiatriques, mais nous pensons qu’il faut aller là où l’on aura le plus d’impact, soit vers les détresses psychologiques », souligne le docteur Christian de Clippele, expert santé de l’ONG.
La première étape, pour faire face à ces troubles, est de renforcer la prévention et le dépistage au sein de chaque village, de chaque communauté. « Cela passe par la formation de relais communautaires, soit des personnes qui ont la confiance du village. Louvain Coopération et ses partenaires forment ces personnes en santé mentale, afin qu’elles puissent livrer des conseils de base et dépister les cas plus importants qui seront alors référés dans un centre de santé. » Louvain Coopération agit également au niveau de ces centres, où des infirmiers sont formés, spécialisés, en santé mentale, tout en continuant leur travail quotidien. De manière générale, les actions mises en place pour soutenir les patients sont variées et adaptées à la culture de chaque pays d’action. Cela va de la consultation psychologique au groupe de paroles en passant par la thérapie par la danse.
Un soutien de l’UCL
En tant qu’ONG universitaire, Louvain Coopération a voulu faire intervenir des chercheurs spécialisés de l’UCL afin de mettre sur pied des projets adaptés à ce problème. « Depuis de nombreuses années, les chercheurs de l’UCL ont participé à des recherches épidémiologiques afin de démontrer l’important taux de prévalence de troubles de santé mentale socialement invalidants. Par ailleurs, le Ministère de la santé cambodgien a demandé à Louvain Coopération de l’aider à rédiger son plan stratégique national en santé mentale 2016-2020. Tâche dans laquelle nous avons été soutenus par des spécialistes de l’UCL. »
Un exemple au Burundi
Au Burundi, le projet pilote IZERE a pour objectif d’améliorer la prise en charge de toutes les composantes de la santé mentale (biologique, psychosociale et sociétale) des populations des communes de Mwumba et de Kiremba dans la province de Ngozi. Par ce projet, Louvain Coopération vise également la réinsertion socio-économique des patients ainsi que l’évolution du regard de la société sur la santé mentale.
En 2017, suite au lancement du projet, des visites dans les hôpitaux intégrant les soins de santé mentale aux soins primaires ainsi que dans les centres neuropsychiatriques (CNP) ont été organisées. Par la suite, une convention de partenariat entre le CNP de Kamenge et notre partenaire, le Bureau d’Appui au Développement et à l’Entraide Communautaire (BADEC) a été signée. Cela a permis le lancement d’une formation spécifique pour les prestataires de soins en matière de santé mentale.