Mangroves, vital for the future
Mangroves, vital for the future
Ce mardi 22 mai, l’assemblée générale des Nations Unies met à l’honneur l’importance de la conservation de la biodiversité. Aujourd’hui, nos espaces naturels ainsi que leur diversité sont sans cesse davantage menacés. Les mangroves, parmi les écosystèmes les plus riches de la planète, sont particulièrement en danger. À Madagascar, les populations locales en sont aussi terriblement dépendantes.
Menacée par l’activité de l’homme, la biodiversité est indispensable pour le bon fonctionnement de nos écosystèmes. Elle maintient ses équilibres, sa résistance aux perturbations, rendue d’autant plus essentielle dans un contexte de changements climatiques qui vont en s’accélérant. Dans la protection de la diversité, les mangroves jouent un rôle tout particulier – pourtant, depuis 1980, 20% de leur superficie totale a été perdue. Ces forêts, qui poussent le long des littoraux, constituent en effet l’écosystème qui absorbe le plus de CO2 dans le monde. Réserves de plantes médicinales, elles abritent également une faune extraordinaire : poissons attirés par la richesse en nutriments de ce biotope, mais aussi mollusques, oiseaux, mammifères et insectes. Dans les mangroves de l’Est indien se cachent les tigres du Bengale, en Amérique du Sud, l’on trouve l’ibis rouge, et à Madagascar des espèces endémiques comme l’aigle-pêcheur y vivent, ce dernier étant en danger critique d’extinction.
Les mangroves filtrent également la pollution et forment une barrière naturelle contre les tempêtes et l’érosion de la terre. Un rôle absolument essentiel sur l’île tropicale de Madagascar, qui subit avec violence les changements climatiques. Entre 3000 et 4000 km2 de ses côtes sont couvertes de ces forêts, très majoritairement dans l’ouest du pays. Ces espaces naturels sont malheureusement menacés, par le changement climatique, mais surtout la main de l’homme.
Pour une gestion responsable de l’environnement
Dans la région du Menabe à Madagascar, les sécheresses répétées ont provoqué des migrations importantes sur le littoral, amplifiant une pression démographique déjà importante. Les forêts de mangrove y sont défrichées pour installer des cultures (rizières, canne à sucre, crevettes…), mais aussi afin d’utiliser son bois pour la chauffe ou la construction. Pourtant, la population est également extrêmement dépendante des ressources halieutiques et ligneuses tirées de la mangrove, menacées par la surexploitation et la destruction de leur habitat.
Louvain Coopération est présente dans la région du Menabe depuis 2006. Œuvrant premièrement sur l’amélioration de la sécurité alimentaire et du développement économique, les membres de l’ONG ont rapidement constaté que le devenir des populations était profondément lié à la mangrove, dégradée par cette même population. Il était donc impossible d’améliorer la gestion de la pêche sans porter un regard sur la protection des mangroves. Ainsi, avec l’OPCI, 11 réserves temporaires de pêche ont été créées, mais aussi plusieurs hectares de mangrove ont été plantés ou restaurés.
Une approche participative
La participation de la population est essentielle, non seulement pour assurer la durabilité du projet, mais aussi par les connaissances qu’elle peut apporter. Les communautés malgaches définissent donc elles-mêmes l’emplacement des réserves de pêche ou des zones de mangrove à restaurer. Les anciens sont de très bons conseillers : ils se souviennent où se trouvaient les mangroves en péril, où subsistent quelques plans. L’implication active des chefs de village, des autorités, ainsi que le respect des traditions sont d’autres conditions nécessaires à la réussite du projet. Les résultats sont encourageants et motivent la population. Celle-ci est introduite aux rôles et fonctions de l’écosystème de la mangrove, mais apprend également en réalisant : elle collecte les plans, les trie, et les plante à marée basse. La croissance de la forêt est ensuite surveillée de près par l’OPCI et les communautés.
En 2017, 15,07 hectares de forêts de mangroves ont ainsi été reboisés ou restaurés, impliquant la participation de plus de 650 habitants.
Continuer de promouvoir la biodiversité
Cette expérience à Madagascar permet également à Louvain Coopération de participer à la construction d’une expertise universitaire des mangroves entre les quatre ONG universitaires francophones qui travaillent main dans la main dans le projet Uni4COOP (regroupant l’ADG, la FUCID, Louvain Coopération et ULB-Coopération). Il sera ainsi possible d’échanger des bonnes pratiques entre différentes communautés habitant les mangroves et deltas du Sénégal, du Bénin, du Togo et de Madagascar, et leur donner les moyens pour construire ensemble de nouveaux savoirs.