Agronomist graduated from UCLouvain, Olivier puts his expertise at the service of Louvain Cooperation

Olivier Baltus.

Agronomist graduated from UCLouvain, Olivier puts his expertise at the service of Louvain Cooperation

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En mars dernier, Olivier Baltus, agronome spécialisé dans la gestion des ressources naturelles, rejoignait nos équipes congolaise et burundaise pour mettre bénévolement son expertise au service de nos projets. Aujourd’hui, il a repris sa fonction au sein du Département de la Nature et des Forêts de la Région wallonne et nous raconte son expérience.

Quel est votre sentiment général par rapport à cette mission ?

Mon souhait a été exaucé car je voulais partir en Afrique pour vivre de vrais projets de coopération. C’était un peu une frustration pour moi de ne pas avoir pu travailler dans ce domaine en tant que jeune diplômé, dans les années 90’. Cette expérience m’a permis de rencontrer les gens, découvrir, partager mais surtout m’impliquer. À Bukavu (RDC), comme au Burundi, j’ai été intégré au sein des équipes de Louvain Coopération pour travailler sur des projets bien précis. Je suis très content de ce que j’ai fait au sein de ces deux directions. J’ai appris beaucoup de choses et je pense avoir apporté ma pierre à l’édifice. Je me suis vraiment senti dans la position d’un agronome qui travaille à l’étranger, qui écoute, apprend, échange et apporte un petit peu de son savoir pour essayer de progresser ; ça été une expérience très forte.

Pouvez-vous expliquer les missions qui vous ont été confiées ?

À Bukavu, on m’a demandé de travailler sur un projet particulier dans le domaine de l’agroécologie. J’étais chargé d’adapter et de développer un « indicateur de résultats » basé sur les Connaissances, les Attitudes et les Pratiques des populations bénéficiaires. C’est ce que l’on appelle les « déterminants personnels » qui conditionnent les comportements. Pour simplifier, on pourrait dire que ce que font les gens dépend de ce qu’ils savent et de ce qu’ils croient. L’indicateur CAP permet de réaliser une évaluation du projet. Il sera mis une première fois en œuvre tout prochainement via une importante enquête de terrain pour établir la base line, soit le point de référence ou de comparaison, puis à mi-parcours et en fin de projet dans 5 ans.

Un exemple pour que l’on comprenne mieux ?

Dans la région de Bukavu dans le Sud-Kivu, de nombreux agriculteurs produisent et vendent du maïs sous forme d’épis. Personne ne produit de farine de maïs, alors que la demande existe et que les producteurs bénéficieraient de revenus complémentaires. Mais la tradition est tellement forte que les gens restent cantonnés à cette production de maïs sous forme d’épis. Pour que les conseillers agricoles qui travaillent sur le terrain pour Louvain Coopération puissent réellement faire changer cette situation, il est nécessaire de comprendre le mécanisme qui coince dans l’évolution qui conduirait ces gens à produire de la farine et à améliorer leurs conditions de vie. Et donc, grâce au CAP, on veut comprendre comment les gens appréhendent toute une série de sujets y compris les différentes recommandations qu’on leur fait pour améliorer leurs pratiques culturales et leurs rendements, de manière à faire évoluer le projet et à le rendre finalement plus efficace. La particularité est que cet indicateur CAP n’existait pas dans le domaine de l’agroécologie. Il est plutôt utilisé dans les domaines de la santé et de l’alimentation et il a donc vraiment fallu être imaginatif pour adapter cet outil à une situation totalement différente. Pour ce faire, nous avons mis un petit groupe de travail en place avec les équipes de Louvain Coopération, qui sont de très grande compétence technique. Sur leurs conseils, nous avons basé notre questionnaire d’enquête sur les dix éléments qui définissent l’agroécologie selon la FAO (la biodiversité, la résilience, l’efficience…).

Et ensuite, vous vous êtes rendu au Burundi…

L’équipe de Bujumbura travaillait sur un appel à projet de l’Union européenne intégrant une composante « biodiversité ». Comme c’est mon créneau, Louvain Coopération m’a proposé de passer quelques semaines là-bas pour soutenir l’équipe lors de la phase qui précède la rédaction proprement dite du projet. J’ai évidemment saisi cette opportunité ! Lors des 3 premiers jours, nous sommes allés sur le terrain dans le sud du pays pour rencontrer une série d’acteurs (autorités locales, fonctionnaires de la protection de la nature, associations d’aide aux communautés locales…) afin d’instruire notre thématique et de compiler toutes les informations nécessaires à la rédaction du projet. Fondamentalement, ce dernier a pour objectif de renforcer les associations de la société civile dans les domaines de la protection de la biodiversité et de l’environnement. L’idée est que la société civile est une composante essentielle de la bonne gouvernance environnementale et l’histoire du Burundi est telle que ces associations sont petites, assez faibles, peu structurées et réseautées. Le programme de l’UE d’un montant de 2 millions d’euros vise à les renforcer et à les accompagner dans la rédaction d’un plaidoyer dans chacun des deux domaines cités. Nos efforts ont été récompensés car il a été retenu par l’UE !

Qu’avez-vous pensé des projets de Louvain Coopération ?

Ce sont des projets qui répondent à des besoins essentiels, comme la santé et l’alimentation. Avec le projet « renforcement de la société civile » au Burundi, LC va s’investir dans le domaine de la préservation des ressources naturelles et de la biodiversité. Cela me paraît essentiel car tous ces sujets sont évidemment étroitement liés. Les projets de LC essayent aussi d’anticiper les difficultés pour mieux agir en vue de les prévenir. C’est à nouveau ce que j’ai ressenti au Burundi où les problèmes d’environnement souvent très sérieux ne sont pas mis en avant par les populations locales qui ont bien d’autres préoccupations immédiates, ni même par les autorités qui ne sont pas non plus toujours sensibilisées à ces enjeux. Quand on parle d’agroécologie ou de renforcement des associations de la société civile, l’idée est de s’inscrire dans une perspective de long terme, de viser la durabilité. On sait combien les ressources naturelles sont sous pression là-bas : érosion massive des sols, assèchement et mise en culture des dernières zones marécageuses, accroissement de la population... Sans modification profonde de la trajectoire, ces ressources vont s’épuiser, ce qui créera des problèmes encore accrus d’insécurité alimentaire mais aussi des tensions entre les communautés qui pourraient conduire à des conflits. Il est donc capital de s’inscrire dans un contexte de gestion durable des ressources et de réhabiliter les services écosystémiques.

Votre meilleur souvenir de cette expérience ?

C’est très difficile de faire un choix. Au niveau du travail, j’ai beaucoup apprécié les relations humaines notamment avec les équipes qui étaient très prévenantes à mon égard, ça a beaucoup compté. Aussi, dans mon logement à Bukavu (chez les Pères Xavériens), il y avait beaucoup de passages et j’ai rencontré des personnes extraordinaires : des médecins et techniciens pensionnés qui travaillaient gratuitement pour les hôpitaux locaux, des employés des Nations Unies… Et puis j’ai accompagné dans leur travail au champ un groupe de jeunes filles qui avaient été abusées sexuellement. Malgré cette terrible réalité, elles étaient - comme tous les adolescents - pleines de vie ; il y avait une très bonne ambiance et ce fut un magnifique moment. Enfin, au Burundi, j’ai eu l’occasion de visiter une forêt primaire. J’y ai vu des arbres gigantesques, dont ces fameux arbres africains qui montent jusqu’à 40 mètres pour émerger de la canopée. Dans le calme de cette forêt jamais dénaturée par l’homme, je me suis senti très apaisé. Un autre moment inoubliable.

Vous souhaitez continuer à vous impliquer en Afrique à l’avenir ?

Oui, j’aimerais soutenir le Musée Vivant de Bujumbura. À l’heure actuelle, c’est une espèce de ménagerie où il y a une quarantaine d’animaux détenus dans des conditions lamentables et il n’y a rien en matière d’information et sensibilisation du public. En collaboration avec une association locale, je vais introduire un projet auprès d’une fondation belge en vue de bénéficier d’un financement. J’espère faire en sorte que si je retourne au Burundi dans deux ans, le Musée vivant sera plus en adéquation avec sa dénomination. Donc l’Afrique, je n’y suis plus, mais je compte bien rester lié à elle.

Le mot de la fin ?

Je pense que si Louvain Coopération est contente du travail que j’ai fourni à l’étranger, d’autres personnes pourraient mettre leur expertise au service de vos projets. Je serais heureux de savoir que d’autres pourront vivre une même expérience que celle que j’ai vécue avec LC. Enfin, le fait que cette ONG soit associée à l’UCLouvain, où j’ai réalisé mes études, c’était pour moi un peu boucler la boucle. Cela m’a particulièrement fait plaisir de renouer de cette manière avec mon université…

Pour lire l'interview d'Olivier réalisée au commencement de son périple avec LC : c'est ici.

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