En août dernier, notre collègue Stéphanie Merle s'est rendue à Kinshasa pour visiter nos projets d'appui aux enfants de la rues (ou shégués). Elle a fait la rencontre de plusieurs jeunes, dont Caleb, 25 ans, qui a accepté de lui raconter son histoire.
J’avais 11 ans quand j’ai été chassé de ma maison. Je vivais avec la famille de ma maman et mes petites soeurs. Un jour on apprend que mon papa est décédé dans un accident. Maman n’était pas à la maison quand c’est arrivé. Mon oncle disait que c’était de ma faute, que je portais malheur, que j’étais responsable de la mort de mon papa, alors il m’a chassé.
LC : Tu as atterri dans la rue à ce moment-là n’est-ce pas ?
À son retour, ma maman a voulu me récupérer… Mais j’étais dans la rue. Des éducateurs sont alors venus à ma rencontre et m’ont emmené au Centre Ndako Ya Biso (partenaire de LC). J’avais du mal à raconter mon histoire. En fait je ne comprenais pas bien ce qui m’arrivait. Le centre a essayé de parler à mon oncle et à ma tante. Mais ils étaient devenus mes ennemis et m’ont encore chassé. On a alors essayé de me placer chez mon grand-père mais sa femme ne voulait pas de moi… c’était long tout ça.
LC : Comment as-tu continué tes études dans ce chaos ?
Finalement quand j’avais 15 ans, on m’a mis à Don Bosco (la Maison Papy). Là j’ai continué à suivre mes cours et je dormais dans la Maison Papy. Ma maman venait régulièrement me voir. Et je lui demandais toujours où j’allais aller quand je terminerais mes études. Ça me tracassait vraiment. J’ai eu mon diplôme d’enseignant et j’ai commencé à gagner ma vie. Et quand le frère et la soeur de ma maman ont appris que je gagnais un peu d’argent, ils se sont dit que Caleb n’était finalement pas ceci ou cela et ils ont accepté que je rentre. Je pense qu’ils avaient compris que je n’étais pas responsable des malheurs de la famille.