Depuis vingt ans, Louvain Coopération travaille au Sud-Kivu, à l’est de la RDC, et tente d’améliorer les conditions de vie d’une population déjà très fragilisée par les conflits récurrents. Aujourd’hui, l’invasion officielle du Nord et du Sud-Kivu par le M23 provoque des violences inimaginables, dont les civils sont les cibles premières.
Le 26 janvier dernier, les médias du monde entier relataient l’entrée de troupes rwandaises et combattants du groupe antigouvernemental du Mouvement du 23 mars (M23) dans la ville de Goma, capitale de la province du Nord-Kivu. Depuis lors, ils ont progressé rapidement en envahissant une seconde province de l’est, le Sud-Kivu, et sa capitale, Bukavu. À l’heure d’écrire ces lignes, les rebelles avançaient toujours plus dans les terres, laissant dans leur sillage des centaines de milliers de déplacés, des villes pillées et saccagées et une population endeuillée et terrifiée.
Louvain Coopération intervient depuis de nombreuses années au Sud-Kivu, notamment dans les territoires de Kabare, Kalehe, Walungu et Bukavu, particulièrement touchés par les combats et désormais sous tutelle du M23. Les populations, nos partenaires ainsi que nos collègues sont donc les premiers témoins et victimes de ce conflit. Ceux qui le pouvaient sont partis. Les autres se terrent chez eux ou se cachent dans la forêt, attendant que le pire soit passé, dans une totale incertitude sur le futur. « Je ne me sens pas encore prêt à retourner chez moi. Ma maison a été visitée au moins trois fois par différents groupes armés. Nous ne sommes pas sûrs que le dernier soit passé », confie un membre du staff de notre partenaire local. Son collègue ajoute : « Il y a deux ans j’avais déjà perdu la moitié de ma maison dans des inondations. Je me suis endetté pour la reconstruire. Aujourd’hui, nous avons dû fuir et nous cacher dans la forêt avec toute ma famille, dont mon épouse qui était en fin de grossesse. Nos conditions de vie sont très dures. Notre bébé est né, mais il ne les a pas supportées. Il est mort et je le pleure amèrement. Nous n’osons pas rentrer car notre maison a été occupée par différents groupes armés et nous craignons qu’ils y aient laissé des explosifs. »
Chaque jour, les nouvelles du conflit nous parviennent, et avec elles, des histoires tragiques.