Bilan perspectives et ambitions

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Jounal Devlop' 13 : Bilan perspectives et ambitions
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Des projets toujours plus intégrés et inclusifs

Il y a cinq ans, Louvain Coopération s’associait avec ULB-Coopération, Eclosio et la Fucid pour créer Uni4Coop et construire, dans une perspective universitaire, un programme commun de développement. Le grand succès de cette première expérience nous a encouragé à approfondir ce travail collectif pour le prochain programme quinquennal de la Coopération belge au Développement (DGD 2022-2026) avec plusieurs projets totalement intégrés, partant du constat que mutualiser nos efforts et partager nos expertises respectives, renforce significativement notre impact.

Sur le terrain, Louvain Coopération a notamment travaillé avec succès avec les communautés locales qui sont entièrement parties prenantes des projets. Pairs éducateurs, agents communautaires, groupes d’entraide, clubs de patients ou coopératives d’agriculteurs : tous participent à l’amélioration de leur résilience et de leur situation sanitaire, sociale ou économique. Cette approche participative et multi-acteurs impliquant de manière forte la société civile et les autorités territoriales concernées, permet à Louvain Coopération et ses partenaires de contribuer à un développement inclusif, équitable et durable en soutenant les personnes les plus vulnérables.artager nos expertises respectives, renforce significativement notre impact.

Bien sûr, la pandémie de Covid-19 a entraîné de nombreuses difficultés dans la mise en oeuvre des activités et lors du processus d’identification des futurs projets. Cela restera un défi dans les prochaines années. Cependant, la crise a favorisé la création et l’utilisation d’outils digitaux qui ont permis de maintenir et parfois développer les échanges avec et entre les terrains.

À travers Uni4Coop, Louvain Coopération entend renforcer encore la mobilisation universitaire au Nord comme au Sud via un travail collectif engagé avec les communautés, les autorités, la société civile et le monde universitaire. Le tout, dans une optique d’inter-apprentissage et de co-construction inclusive des savoirs.

C'est ce vers quoi Louvain Coopération tend depuis plusieurs années, et c'est l'objectif que nous poursuivrons encore dans le futur.

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Jusqu’ici, notre ONG a continué de travailler avec le Ministère cambodgien et nos partenaires locaux, ainsi que les communautés sur le renforcement des systèmes de santé pour la prise en charge des maladies non transmissibles. Trois niveaux d’actions interdépendants.

Parmi les travaux réalisés, et grâce notamment à un financement de l’OMS, un nouveau système de base de données a été développé. Ce système tient compte des fonctionnalités spécifiques correspondant à la prise en charge de patients souffrant de diabète et d’hypertension. Par ailleurs, en partenariat avec l’Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), PLAN International et l’Université de Hong Kong, une enquête nationale sur les conséquences sanitaires et sociales de la migration sur les enfants et la famille des travailleurs migrants a été menée pendant plus d’un an. Cette enquête, publiée en 2020, propose des solutions et des recommandations à appliquer au niveau national. Parmi elles, l'amélioration de l'accès aux services de santé infantile et des systèmes de protection sociale de la santé.

En parallèle, les deux provinces de Kampong Cham et Tbong Khmum comptent désormais deux hôpitaux et neuf centres de santé, dont trois nouveaux depuis 2020. Le système mis en place permet aujourd’hui d’offrir des consultations aux patients, de former les médecins au diagnostic et ainsi de permettre de soigner les patients de la manière la plus adéquate. Pour ce faire, les travailleurs sociaux restent indispensables dans l’accompagnement des malades. Ces derniers font des visites à domicile, prodiguent du soutien psychologique aux patients et à leur famille.

Un focus a particulièrement été placé sur les enfants, les adolescents et les femmes victimes de violences domestiques.

Au Burundi, l’évolution des actions menées en santé mentale fait sans doute partie des plus belles réussites de ces cinq dernières années. Partant de zéro, dans une région où les maladies mentales sont souvent assimilées à la sorcellerie, le projet IZERE lancé en 2017, en partenariat avec BADEC Caritas Ngozi, a contribué à la définition d’une politique nationale en santé mentale.

Dans un pays traversé par des périodes de crises économiques à répétition, accompagnées de violences de masse, le domaine de la santé mentale figurait en véritable inconnue pour les Burundais. « Les maladies mentales n’étaient pas comprises par la population et étaient souvent confondues avec des actes d’ensorcellement. Il a donc fallu former des agents pour sensibiliser la communauté et faire évoluer les mentalités et les comportements », explique Félix Mbanyankindagiye, assistant technique au Burundi pour Louvain Coopération.

Au total, 74 agents de santé communautaire ont été formés et équipés pour sensibiliser la communauté mais aussi orienter, guider et accompagner les malades. En parallèle, les patients stabilisés, en convalescence voire guéris, évoluent désormais dans 24 associations regroupant 855 membres. Ces structures offrent un appui technique et financier dans le démarrage de petites activités économiques. « Grâce à ces associations, on observe aussi une augmentation de la résilience et de l'estime de soi chez les anciens patients ainsi que la force d’affronter l’avenir avec plus d’espoir », commente Félix.

Pour son travail, notre partenaire local BADECCaritas Ngozi a reçu le « Prix pour la prévention et le contrôle des maladies non transmissibles 2020 » de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). De plus, ce projet a suscité notamment l’intérêt de l’Union européenne qui, depuis 2019, finance les interventions dans ce domaine.

Au Bénin, 69% des femmes sont analphabètes (UNESCO, 2018). Encore aujourd’hui, et plus particulièrement en milieu rural, lorsqu’une famille ne peut scolariser tous ses enfants, la priorité est laissée aux garçons. « Culturellement, c’est l’homme qui doit travailler, ramener de l’argent et donc être éduqué, tandis que la femme, pour beaucoup, n’a donc pas besoin d’aller à l’école », explique Kokou Megnini Opekou, Responsable Sécurité Alimentaire et Economique pour Louvain Coopération en Afrique de l’Ouest. Ces injustices sont notamment toujours d’actualité au Bénin. Pour les combattre, Louvain Coopération propose des cours d’alphabétisation aux adultes membres des coopératives afin d’apprendre à lire, écrire et calculer dans leur langue locale. En 2020, grâce à ces cours, 89% des femmes alphabétisées savent effectivement lire et écrire dans leur langue maternelle.

Outre l’apprentissage de la langue, ces cours permettent aussi aux femmes de mieux gérer les finances de leur foyer et leur activité économique, mais aussi, et il s’agit sans doute du plus important : ils améliorent l’estime qu’elles ont d’ellesmêmes et leur compréhension des enjeux importants de leur communauté. « Les choses sont en train de changer. Les femmes commencent à s’affirmer socialement. Elles prennent conscience qu’elles peuvent participer à l’économie familiale et communautaire et qu’elles sont capables de faire ce que les hommes font ! », conclut Kokou.

Au Bénin, plus de 23% des adultes sont en surpoids et 7.4% d’entre eux sont obèses. 25% des adultes présentent une tension artérielle élevée et 96% d'entre eux ne suivent aucun traitement. Sur base de ce constat de 2015, Louvain Coopération a depuis décidé d’agir sur les Maladies Non Transmissibles (MNT) qui représentent un véritable fléau mondial. Dans les pays à faible revenu, la prise en charge de ces pathologies, dont font partie le cancer, le diabète, l’hypertension et l’obésité, est bien trop lourde pour les ménages. Par ailleurs, elle présente un trop grand risque pour les mutuelles, les cotisations des affiliés n’étant pas assez élevées.

Alors comment agir ? Par de la prévention et des campagnes de sensibilisation. Partant de ce postulat, un projet-pilote visant la mise en place de mécanismes de prévention et de traitement naturel et non-médical des MNT est exécuté depuis 2018 dans la région de l’Atacora, au Nord-Ouest du Bénin. Financé à 75% par Wallonie-Bruxelles International (WBI), il est appuyé par les Mutualités Libres (MLOZ) et Louvain Coopération.

« C’est un projet d’introduction de pathologies généralement non-assurables dans un système de mutuelles de santé », explique Brice Titipo, Responsable du domaine mutuelles de santé à la Direction Régionale pour l’Afrique de l’Ouest de Louvain Coopération. Le projet est bâti sur une approche communautaire. Des animateurs mutualistes et des pairs éducateurs spécialisés sont formés dans l’accompagnement des malades. Ces pairs éducateurs souffrent ou ont souffert d’une MNT et vivent dans la même zone. Ils sont ainsi les mieux placés pour coacher les malades. Ensemble, ils proposent des séances d’éducation thérapeutique dans lesquelles les participants trouvent du soutien et des réponses à leurs questions. Ainsi, deux ans après le démarrage du projet, près d’une centaine de pairs éducateurs ont été formés.

L’agroécologie est, avec la santé, l’un des piliers des actions que Louvain Coopération mène au Cambodge. Financé par la DGD, le programme établi avec l’ONG universitaire liégeoise Eclosio, vise le renforcement de la sécurité alimentaire et économique et l’accès au commerce et à l’entrepreneuriat. Le tout en favorisant l’agriculture durable et sociale.

Pour ce faire, 22 groupes d’entraide rassemblant environ 440 agriculteurs ont été formés jusqu’à présent. Chaque groupe est composé de 15 à 20 membres, réunis autour d’un intérêt commun. Ensemble et aussi entre groupes, ils s’entraident, échangent des savoirs, des expériences et des pratiques liées à l’agriculture durable. En échange, on leur fournit des formations, des coachings, un support financier pour l’achat de matériel et on leur assure un accès suffisant à l’eau pour irriguer leurs champs. Aujourd’hui, ils sont 255 agriculteurs à avoir été formés aux techniques de l’agriculture durable et à les utiliser sur au moins 85% de leur production. Un enjeu majeur dans un pays durement touché par les changements climatiques.

À l’avenir, l’aspect social devra être encore plus intégré en ajoutant un aspect nutritionnel et genré.

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