Réinventer demain : environnement et résilience au Burundi
Réinventer demain : environnement et résilience au Burundi
Chaque année, les richesses naturelles du Burundi souffrent de l’activité humaine. Entre déforestation, inondations et impacts du réchauffement climatique, la population, déjà très fragilisée, assiste à la dégradation de ressources dont elle dépend fortement.
Le Burundi est un pays magnifique. Les collines verdoyantes y côtoient des vallées où s’entremêlent lacs, rizières et ruisseaux. On y trouve notamment une forêt primaire, la Kibira, riche de plus de 600 espèces végétales et de nombreux animaux, qui s’étend sur quelques 40.000 hectares. Une nature remarquable, mais qui se dégrade dangereusement face à la pression démographique et aux effets du changement climatique.
"Le premier défi du pays, en termes d’environnement, est la démographie galopante (croissance démographique annuelle moyenne de 3,3%) qui a un impact négatif sur la conservation et la gestion efficace de ressources naturelles et de la biodiversité", explique Prime Makenze, Coordinateur d’AGBD – Association pour la Gestion Durable de la Biodiversité au Burundi, l’un de nos partenaires. Le Burundi est, en effet, l’un des pays les plus densément peuplés au monde, avec 504 habitants par kilomètre carré, soit 17% de plus que la Belgique.
Prime Makenze s’inquiète également de modifications constatées au niveau des sols, l’érosion notamment. "Une très grande partie des terres est affectée à l’agriculture. Une agriculture réalisée par la population, sans maîtrise des techniques antiérosives, sans maintien des arbres."
Déforestation et perte de biodiversité
Chaque année, lorsque revient la saison sèche, des centaines d’incendies criminels emportent les arbres, dénudent les collines et appauvrissent la biodiversité du pays. Selon Global Forest Watch, le Burundi a perdu 6.6% de son couvert végétal entre 2001 et 2023. La production massive de charbon de bois et les besoins agricoles alimentent ce processus de déforestation et fragilisent encore un peu plus les populations qui dépendent grandement des ressources naturelles.
Les Burundais sont, par ailleurs, très impactés par les effets du changement climatique. "Chaque année, la période de la saison sèche se prolonge. Et quand arrive la période de pluie, celle-ci est abondante. On observe des inondations, des pertes en vies humaines et des dégâts un peu partout dans le pays", déplore Gordien Nijimbere, ingénieur agronome et chef de projets au sein de l’UCODE-AMR, partenaire de Louvain Coopération.
Ces fortes pluies dégradent également les conduites d’eau et augmentent les distances à parcourir pour se procurer de l’eau potable. Enfin, la pollution et la quasi-absence de gestion des déchets représentent une autre menace de taille pour les écosystèmes du pays et pour sa population.
Sensibiliser et trouver des alternatives
Ces constats sont d’autant plus inquiétants qu’ils concernent une région marquée par les conflits ethniques, où une lutte pour les ressources pourraient constituer une étincelle dévastatrice. Tous les acteurs de terrain sont donc d’accord : il faut agir, vite, mais comment ? "Une action urgente pour freiner le recul de l’environnement est de réaliser une sensibilisation de grande envergure pour éveiller les consciences, notamment au niveau des communautés locales", propose Prime Makenze "Mais cela ne suffira pas, car les gens doivent vivre. Il faut aussi développer des actions qui permettent aux communautés de s’autofinancer, des moyens de subsistance alternatifs, pour limiter l’approvisionnement en bois notamment et diminuer la pression sur les écosystèmes. Nous avons besoin d’actions porteuses qui peuvent réellement améliorer les conditions de vie."