Quelles solutions pour déployer les mutuelles de santé sur le continent africain ?

Quelles solutions pour déployer les mutuelles de santé sur le continent africain ?
Les 3 et 4 février 2025, Bujumbura (Burundi) a accueilli la quatrième conférence internationale sur le déploiement des mutuelles de santé en Afrique. Louvain Coopération et ses partenaires étaient présents. Retour sur les défis de l'accès à la santé pour tous et sur les recommandations issues de cet événement majeur.
Organisé par plusieurs acteurs mutualistes, dont l’Association Internationale de la Mutualité (AIM) et la plateforme MASMUT, la conférence mutualiste internationale a réuni 200 participants venus de 24 pays, autour du thème : "Objectif couverture santé et protection Sociale Universelle en Afrique – s'appuyer sur les mutuelles comme pivots-clés de l'économie Sociale et Solidaire".
Aujourd’hui, dans la plupart des pays africains, seule une minorité de la population bénéficie d’une forme de protection sociale. L'assurance maladie existante couvre une minorité (10 à 15% ) de la population, à savoir les fonctionnaires, l'armée, les enseignants et parfois certains employés du secteur privé (comme au Burundi). La grande majorité de la population travaille dans le secteur informel pour lequel il n’existe aujourd’hui aucune assurance maladie officielle. Les mutuelles de santé constituent une solution clé pour combler ce vide.
Pourtant, leur développement se heurte à plusieurs freins majeurs, notamment un cadre légal insuffisant : bien que des textes existent, leur application reste limitée. Le manque de reconnaissance institutionnelle est un autre obstacle, les mutuelles ne sont pas pleinement intégrées aux stratégies nationales de santé. Les ressources limitées menacent également la viabilité des mutuelles, tout comme l’adhésion non obligatoire, rendant difficile un équilibre financier durable.
Face à ces défis, les débats menés lors de cette conférence internationale ont abouti à plusieurs recommandations fortes. Afin de garantir un accès à des soins de santé de qualité et abordable, le mouvement mutualiste demande aux décideurs politiques et internationaux :
- La reconnaissance des mutualités aux côtés des coopératives dans les résolutions internationales sur l’économie sociale et solidaire.
- La mise en œuvre et le renforcement de dispositifs légaux reconnaissant les mutuelles de santé et leurs spécificités. Ces dispositifs doivent être mis en place par des mesures d’application, garantissant ainsi la viabilité de mutuelles du point de vue institutionnel, technique, financier et fonctionnel.
- L’instauration et la mise en œuvre effective de mécanismes d’adhésion obligatoire à la couverture sanitaire pour l’ensemble de la population, reposant sur un processus évolutif.
- La gestion et l’organisation de la couverture sanitaire universelle (CSU) reposant sur une délégation de gestion confiée aux mutuelles par l’État.
La ministre burundaise de la Solidarité Nationale, Imelde Sabushimike, a réaffirmé l’engagement du gouvernement en faveur de la CSU, soulignant le rôle central des mutuelles.
Au-delà d’une simple rencontre, la conférence de Bujumbura a marqué une étape décisive pour le mouvement mutualiste africain. Il appartient désormais aux gouvernements et partenaires internationaux de traduire ces engagements en actions concrètes.