Dans un contexte de vulnérabilité croissante pour les enfants de la rue à Kinshasa, Esthere, étudiante à l'UCLouvain, a remporté le Fonds Solidaire grâce à un projet novateur et ambitieux.

Le Fonds Solidaire, destiné à soutenir des initiatives solidaires menées par les étudiants de l’UCLouvain, a permis à Esthere de concrétiser un projet visant à améliorer la vie de ces enfants marginalisés. Le projet, axé sur l’accès aux soins de santé, l’éducation sexuelle et le soutien psychosocial, répond à des besoins essentiels dans une ville où les conflits à l’Est du Congo exacerbent la situation des enfants en situation de rue.

Une urgence humanitaire au cœur de la motivation

La motivation derrière ce projet, comme l'explique Esthere, est née d'une urgence humanitaire. Face à l'augmentation des enfants de la rue à Kinshasa, souvent liés aux conflits dans l’Est du Congo, les problèmes d’accès aux soins de santé, à l’éducation et à un soutien psychologique sont alarmants. Les enfants de la rue sont confrontés à des risques accrus de violence, d’exploitation et de dépendances. Esthere a senti l’urgence de créer une réponse intégrée et ciblée qui permettrait non seulement de répondre à leurs besoins physiques, mais aussi de leur offrir des outils pour leur inclusion sociale. Ce projet met l’accent sur la santé primaire et la santé sexuelle, deux domaines essentiels pour le bien-être de ces enfants.

Une clinique mobile pour répondre aux besoins de base

Pour répondre à ces défis, plusieurs activités ont été mises en place. La plus notable est l’introduction d’une Clinique Mobile de Soins de Santé, qui a permis de fournir des soins médicaux de base à plus de 70 enfants. En parallèle, des séances d’éducation sexuelle ont été organisées, touchant près de 100 enfants, avec pour objectif de sensibiliser sur la santé reproductive et de réduire les risques de maladies sexuellement transmissibles.

Le suivi personnalisé des enfants est une autre composante clé du projet. Chaque enfant bénéficie d’une fiche individuelle permettant d’assurer un suivi médical et éducatif régulier. Des rapports périodiques sont également rédigés pour évaluer l’impact des actions menées, garantissant ainsi une amélioration continue du projet.

Un projet en lien avec les compétences universitaires

Étudiante en Master de spécialisation en études de genre, Esthere a mobilisé plusieurs compétences acquises lors de ses études pour la réalisation de ce projet. Son analyse sociale lui a permis de comprendre les dynamiques spécifiques aux enfants de la rue et d’adapter les interventions en conséquence. En outre, sa formation en études de genre a été cruciale pour élaborer le programme d’éducation sexuelle, en tenant compte des vulnérabilités particulières, comme les violences basées sur le genre et les inégalités d’accès aux soins.

Esthere a également mis à profit ses compétences en gestion de projet, notamment en planification et coordination, ainsi que sa capacité à collaborer avec des partenaires locaux. Travailler avec ces acteurs a été essentiel pour maximiser l'impact du projet et assurer son bon déroulement.

Les défis rencontrés

La mise en œuvre du projet n’a pas été sans obstacles. Le principal défi a été d’accéder aux enfants en situation de rue, souvent méfiants vis-à-vis des adultes et des institutions. Cette méfiance, liée à leur vulnérabilité et à leur crainte de l’exploitation, a nécessité une approche prudente et sensible. De plus, la sensibilisation communautaire s'est avérée complexe, les stéréotypes négatifs associés aux enfants de la rue freinant l'engagement des membres de la communauté.

Les ressources financières limitées ont également été un obstacle majeur. Malgré les contraintes budgétaires, Esthere a réussi à mener à bien plusieurs actions, même si ces restrictions ont parfois limité l’étendue des services fournis.

Des résultats concrets et prometteurs

Malgré les défis, les résultats obtenus sont encourageants. Grâce à la Clinique Mobile, de nombreux enfants ont reçu les soins médicaux dont ils avaient cruellement besoin, et les séances d’éducation sexuelle ont permis de sensibiliser ces jeunes à des questions cruciales pour leur avenir. La mise en place de mécanismes de suivi a également permis de documenter les progrès des enfants et d’adapter les interventions selon leurs besoins individuels.

Vers de nouveaux objectifs

Pour l’avenir, Esthere souhaite étendre les services de la Clinique Mobile pour toucher un plus grand nombre d’enfants et intégrer des sujets comme les droits des enfants et la violence basée sur le genre dans les formations. Elle fait également un plaidoyer pour obtenir des financements supplémentaires afin de garantir que les enfants nécessitant des interventions chirurgicales puissent être pris en charge. De plus, elle souhaite assurer un suivi psychologique à long terme pour les filles victimes de viol.

À titre personnel, Esthere ambitionne d’approfondir ses recherches sur les facteurs qui poussent les enfants à vivre dans la rue, afin de mieux informer les politiques de protection de l’enfance.

Conseils pour entreprendre un projet similaire

Pour ceux qui voudraient lancer un projet similaire, Esthere recommande de mener une recherche approfondie sur les besoins de la communauté cible et d’impliquer les membres de la communauté dès le début. Elle insiste également sur l’importance de la flexibilité, car chaque projet doit pouvoir s’adapter aux réalités du terrain et aux retours d’expérience.

Grâce à son engagement et à son approche structurée, Esthere a réussi à mettre en place un projet aux retombées positives pour certains des enfants les plus vulnérables de Kinshasa. Ce projet, soutenu par le Fonds Solidaire, montre que l’action étudiante peut avoir un impact significatif sur le terrain, et offre un modèle inspirant pour d’autres initiatives solidaires.

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