Démocratiser les Connaissances pour des Systèmes Alimentaires Durables
Démocratiser les Connaissances pour des Systèmes Alimentaires Durables
À une époque où les systèmes alimentaires mondiaux font face à des défis sans précédent, la diversification des connaissances devient impérative pour une transformation durable et équitable de ces systèmes. Dans cette logique, un article intitulé « Knowledge Democratization Approaches for Food Systems Transformation », écrit par plusieurs auteurs, dont Amaury Peeters, Responsable du Service Recherche & Développement chez Louvain Coopération, a été publié en mai 2024 dans la revue scientifique Nature Food.
Le récent article sur les Approches de démocratisation des connaissances pour la transformation des systèmes alimentaires, publié dans Nature Food, met en avant l’importance d’intégrer les savoirs traditionnels, autochtones et locaux en tant que ressources dans la création de systèmes alimentaires durables et équitables. Louvain Coopération, acteur engagé dans le développement durable, soutient cette vision et œuvre activement pour appliquer ces principes dans ses projets.
À l'heure actuelle, les conceptions étroites de ce qui constitue des connaissances engendrent des lacunes dans les décisions concernant les systèmes alimentaires. Les savoirs traditionnels, autochtones et ancrés dans le territoire fournissent des informations essentielles pour des transitions durables, mais sont souvent exclus de la prise de décision concernant le financement, les politiques et les actions relatives aux systèmes agricoles et alimentaires. Il devient donc essentiel de diversifier notre base épistémologique afin de renforcer la démocratie dans la recherche agricole, l'innovation et la mise en œuvre.
L'article identifie plusieurs principes fondamentaux pour démocratiser les processus de connaissance et de politique. Il illustre ensuite diverses initiatives dans différents contextes qui appliquent ces principes, et formule trois recommandations clés pour la recherche sur les systèmes alimentaires : justice épistémique, co-création interculturelle et échange mutuel des connaissances.
- Justice épistémique ou cognitive : la justice cognitive promeut la reconnaissance de systèmes de connaissances et de paradigmes alternatifs comme étant valables en soi et encourage le dialogue entre des connaissances souvent incommensurables afin d'éclairer la prise de décision.
- Co-création interculturelle : les diverses manières de connaître et d'être sont ancrées dans des cultures géographiques, institutionnelles et épistémiques différentes. Ainsi, la co-création interculturelle permet à différents modes d'apprentissage, de construction et de transmission des connaissances (par exemple, scientifiques et autochtones) de coexister et de s'enrichir mutuellement.
- Échange mutuel des connaissances : des tensions existent également entre les différentes communautés productrices de connaissances, c'est pourquoi l'établissement de relations, un dialogue constructif et des pratiques matérielles telles que les contrats de souveraineté des données et la compensation équitable sont essentiels pour permettre un échange plus approfondi et la solidarité à long terme nécessaire à l'amélioration des connaissances.
Cet article est également issu d’un travail collectif des contributions internationales multiples et variées qui a abouti à la publication du compendium intitulé « The Politics of Knowledge: Understanding the Evidence for Agroecology, Regenerative Approaches, and Indigenous Foodways », par la Global Alliance for the Future of Food à la fin de l'année 2022. Ce compendium a été élaboré par 17 contributeurs, dont plusieurs académiques et chercheurs, des fondations, une institition internationale (FAO), des réseaux d’organisation, et des représentants d'organisations de la société civile internationale et locale, parmi lesquelles figure Louvain Coopération.
Notre contribution à ce compendium repose notamment sur la production de preuves concernant les transitions agroécologiques au Cambodge, en utilisant des outils d’évaluation comme TAPE (Tool for Agroecology Performance Evaluation), développé par la FAO et testé avec des organisations internationales et locales en Asie et appliqué maintenant dans nos programmes. Comme l’article dans Nature Food le souligne, les outils d'évaluation élaborés conjointement comme ceux-ci, conçus pour favoriser une approche plus participative, sont utiles pour recueillir et partager des données qualitatives et quantitatives sur les transitions agroécologiques, même s'ils ne peuvent pas répondre à tous les besoins locaux. Ils fournissent également un cadre systémique multidimensionnel pour évaluer et comprendre les connaissances locales dans les contextes politiques internationaux, et ils permettent de comparer et de relier ces connaissances aux processus de plaidoyer.
À travers nos efforts au Cambodge et dans les autres pays où nous travaillons avec des organisations locales, nous nous engageons activement à promouvoir des changements économiques et sociaux bénéfiques pour les familles d'agriculteurs ruraux et les organisations agricoles. Cela se concrétise notamment par l'amélioration des marchés alimentaires grâce à la transition vers des pratiques agroécologiques, ainsi que par la promotion de l'équité de genre dans le secteur agricole.