n°6 - Santé mentale

Contenu
Image 4:1
N°6 - santé mentale
Contenu
Texte

Edito

Ensemble

Comme nous vous en parlions dans notre édition précédente, Louvain Coopération a pris les mesures nécessaires – parfois difficiles – pour pérenniser ses activités dans le cadre de sa mission, ceci en concertation avec toutes les parties prenantes.

L’élaboration de ces mesures a été notamment l’occasion de jeter les bases d’une nouvelle organisation de l’ONG qui permettra de parvenir plus efficacement à la réalisation de ses objectifs. Un nouveau directeur général a été engagé ainsi qu’un nouveau responsable financier. L’équipe « Programmes » a été adaptée en fonction de la mission de l’ONG et aussi des exigences augmentées des bailleurs de fonds ; rendre les populations locales plus autonomes en leur transférant plus de compétences est dans la lignée de cette mission.

Des efforts considérables ont été consentis en matière de ressources humaines au siège à Louvainla- Neuve ; que toute l’équipe soit remerciée de sa collaboration.

La réorganisation a aussi été rendue possible grâce à l’Université catholique de Louvain qui, ayant confiance en l’ONG et en ses capacités à réagir, a mobilisé les ressources indispensables pour la mise en oeuvre des réformes.

Ce processus a pu aboutir car il a réuni les forces vives entourant notre association. C’est ensemble que nous continuons à écrire l’histoire de Louvain Coopération en mettant en place une dynamique nouvelle et porteuse de changement.

Sur ces nouvelles bases, l’ONG rebondit, pleine de motivation et d’énergie en se focalisant sur sa mission première, donner aux bénéficiaires de ses projets les moyens de prendre leur destin en main. Un volet de cette mission est concrétisé par son programme de « santé mentale », thème qui fait l’objet de cette édition de Devlop’.

Bonne lecture !

Marthe Nyssens
Présidente du Conseil d’Administration

Block

Dans le cadre de son investissement en matière de santé mentale, Louvain Coopération mène des actions visant à réduire l’incidence des violences basée sur le genre (VBG) dans trois villes de Bolivie.

Depuis 2013, des groupes de soutien permettent aux victimes de violences de faire valoir leurs droits et d’être accueillies dans des centres de santé ou dans des communautés éducatives dont le personnel en charge des victimes de VBG a bénéficié d’une formation.

Avec l’appui et les conseils de nos partenaires locaux, une loi départementale ainsi qu’un plan municipal contre la violence ont été mis en oeuvre. Ces initiatives ont été encouragées par Ministère bolivien de la Santé, qui y voit un « travail modèle ».

Les actions des prochaines années seront notamment axées sur la préservation des groupes de soutien. Celle-ci est assurée par un réseau de jeunes motivés qui, grâce aux réseaux sociaux notamment, font connaître les groupes, leurs activités et actions. En outre, cela permet de compiler et de visibiliser le travail auprès des autorités en vue de poursuivre la reconnaissance.

Au Burundi, le projet pilote IZERE a pour objectif d’améliorer la prise en charge de toutes les composantes de la santé mentale (biologique, psychosociale et sociétale) des populations des communes de Mwumba et de Kiremba, dans la province de Ngozi. Par ce projet, Louvain Coopération vise la prise en charge médicale des troubles mentaux et de la détresse psychologique, mais aussi la réinsertion socio-économique des patients ainsi que l’évolution du regard de la société sur la santé mentale.

En 2017, suite au lancement du projet, des visites dans les hôpitaux intégrant les soins de santé mentale aux soins primaires ainsi que dans les centres neuropsychiatriques (CNP) ont été organisées. Par la suite, une convention de partenariat entre le CNP de Kamenge et notre partenaire, le Bureau d’Appui au Développement et à l’Entraide Communautaire (BADEC) a été signée. Cela a permis le lancement d’une formation spécifique pour les prestataires de soins en matière de santé mentale.

Dans les régions rurales du Cambodge, il n’est pas rare de voir des grands-mères s’occuper de leurs petits-enfants et même d’autres enfants du village en l’absence de leurs parents. Ces enfants, on les appelle couramment « les laissés pour compte ». Leurs parents ont quitté le pays ou la région à la recherche d’une meilleure situation économique. Jour après jour, ce phénomène prend de l’ampleur.

On estime qu’à l’heure actuelle, plus d’un million de Cambodgiens migrent vers la Th aïlande pour y trouver du travail. Un plus grand nombre encore se déplace à l’intérieur du pays dans le même but. Cette dynamique de migration est devenue essentielle pour le développement économique de nombreux pays car elle fournit une main d’oeuvre peu qualifi ée et donc peu coûteuse. Malgré l’étendue du phénomène, très peu de données sont disponibles concernant les eff ets secondaires de ces migrations, sur les enfants notamment.

En eff et, si l’on se concentre beaucoup sur les effets positifs de la migration pour le pays d’origine tels que les versements eff ectués par les migrants à leur famille, les eff ets négatifs de la migration sur le bienêtre général des enfants d’émigrés sont peu évoqués. On ignore par exemple la façon dont la séparation avec les parents aff ecte le développement des enfants et redistribue les rôles au sein de la famille. Il n’existe pas non plus de preuves permettant d’établir un lien direct entre l’augmentation du nombre de migrants et l’augmentation du nombre d’enfants placés en institutions ou familles d’accueil au Cambodge.

Un projet de recherche pour une meilleure connaissance du sujet

En réponse à ce manque de données, un projet auquel Louvain Coopération prend part est en train de se construire. Son objectif est d’explorer trois questions centrales : dans quelle mesure la séparation avec les parents aff ecte le développement nutritionnel, comportemental et psychologique des enfants ? Est-ce que la migration des travailleurs entraine le placement des enfants en famille d’accueil ? Et enfi n, quelles sont les interventions les plus appropriées à la culture et au contexte à mettre en place pour prendre en charge les problèmes identifi és par la recherche préalable ?

Le projet est mené par l’Organisation Internationale pour la Migration (OIM) en collaboration avec plus de 60 ONG, agences onusiennes et ministères du Cambodge. Les experts techniques de l’OIM en collaboration avec l’équipe locale de Louvain Coopération ont mis en place une méthodologie de recherche pour le contexte Cambodgien. Cette méthodologie est basée sur des visites de terrains et un cadre de recherche construit pour comprendre les impacts sociaux et sanitaires de la migration sur les enfants de migrants.

Nombreux sont les pays qui, aujourd’hui encore, stigmatisent les personnes atteintes de troubles de la santé mentale et ne les prennent absolument pas en charge. Pourtant, cette problématique est bien présente, particulièrement dans les pays du Sud où les populations font face à de nombreuses diffi cultés. Depuis dix ans, Louvain Coopération se bat pour faire intégrer la prise en charge de la santé mentale dans ses pays d’action et venir ainsi en aide aux milliers de personnes qui se trouvent dans une profonde détresse.

Les troubles de santé mentale sont présents dans le monde entier. Selon l’OMS, sur l’ensemble de la planète, 14% des problèmes de santé sont des troubles d’ordre mental. Une problématique gigantesque donc, et qui touche malheureusement davantage les pays dits à faibles et moyens revenus, où l’on retrouve un grand nombre de facteurs aggravants. Ainsi, les trois quarts des cas de maladie mentale dans le monde se produisent dans ces pays. Au Cambodge par exemple, 47% de la population subit un stress profond, qui empêche de vivre normalement.

Les angoisses fi nancières et les parents qui se demandent chaque jour comment ils vont nourrir leurs enfants, l’insécurité, la menace des maladies… des problèmes très nombreux qui sont sources de graves angoisses et, dans certains cas, de maladies mentales. Pourtant, cette problématique a longtemps été profondément négligée, laissant la très grande majorité des patients sans traitement.