
Épargner, pour reconstruire la solidarité
Edito
Soutenir un tissu économique solide
Louvain Coopération est constamment à la recherche de diversification et d’innovation dans ses moyens d’action.
Les subsides publics belges et européens avec lesquels nous travaillons, s’ils sont nécessaires et efficaces, ne sont pas l’unique moyen d’action que nous devons mobiliser pour remplir notre mission.
Nos partenaires du monde agricole et rural, coopérative ou organisations paysannes, nous interpellent sur notre capacité à les soutenir dans leur développement entrepreneurial, au-delà des techniques de production agroécologiques.
Des unités de transformation et de commercialisation de leurs produits leur permettraient d’ajouter de la valeur à leur production tout en conservant la maitrise. Or ce type de projet entrepreneurial rencontre des difficultés de financement : exclus des subsides, trop risqués pour les banques ou microfinances locales, trop petits pour les investisseurs sociaux des pays occidentaux.
Le fonds d’investissement Kampani, dont Louvain Coopération est membre fondateur, propose des outils financiers adaptés au développement de telles initiatives.
Le soutien technique et stratégique apporté par nos programmes, couplé, via Kampani, aux capacités et exigences d’investissement pour la création de PME agricoles, nous donne la possibilité de soutenir un tissu économique solide, au service des petits agriculteurs et de la lutte contre le réchauffement climatique.
Félix Vanderstricht
Aujourd’hui, Louvain Coopération s’est retirée de tous les projets de soutien aux Institutions de Microfinance. Mais une action fait exception, celle de l’UCMECS ou Union des Caisses Mutuelles d’Epargne et de Crédit des Savanes. Basée au Togo, dans la région des Savanes, cette structure d’épargne et de crédit faisait au départ partie d’une organisation plus large, liant crédit, épargne, mutuelles de santé, alphabétisation et conseils aux agriculteurs. Comme d’autres structures similaires, l’UCMECS a dû, sous contrainte des autorités de régulation financière togolaise et ouest-africaine, devenir autonome. « Aujourd’hui, elle est constituée de huit caisses villageoises au-dessus desquelles on a placé une coupole, l’Union. Cette dernière remplit différentes missions visant l’amélioration et la professionnalisation de l’ensemble du réseau », décrit Vincent Henin, expert en sécurité alimentaire et économique pour Louvain Coopération.
« D’abord, nous avons commencé, en 2004, à appuyer la microfinance et les mutuelles de santé. Ensuite, à partir de 2008, nous sommes passés à une approche intégrée, c’est-à-dire que nous appuyions aussi les volets alphabétisation et conseil à l’agriculture promus par des organisations soeurs de l’UCMECS. » Mais pourquoi ce projet a-t ’il constitué une exception dans l’ensemble des actions de microfinance soutenues par Louvain Coopération ? « Nous avons rencontré les mêmes difficultés que dans les autres projets de microfinance implantés en zone rurale qui nécessitent des ressources humaines et financières dépassant nos moyens d’intervention. Mais l’UCMECS est une structure fondamentalement saine. Elle est gérée par des personnes qui sont en cohérence avec leur mission sociale et qui réussissent à faire face à toutes les tensions qui peuvent apparaître dans ce genre d’action. Nous pensons donc vraiment que ça vaut la peine de l’appuyer », confie encore Vincent Henin.
Aujourd’hui, l’UCMECS compte plus de 50.000 clients (ils étaient moins de 30.000 en 2012) et elle bénéficie d’un soutien tout particulier, qui lui permet aussi de se démarquer des autres projets du même type soutenus précédemment par Louvain Coopération. « Nous avons créé un groupe de concertation informel qui entoure les actions de l’UCMECS. Il est constitué de BRS (asbl belge spécialisée dans les projets de microfinance, voir page 13) qui forme un binôme d’appui technique avec Louvain Coopération dans ce projet, de la SIDI (Solidarité Internationale pour le Développement et l’Investissement), et d’Alterfin. Ces deux dernières sont actuellement les seules sources d’emprunt de l’UCMECS. Ensemble nous coordonnons notre appui au fonctionnement de l’UCMECS et Louvain Coopération, par sa présence au Togo, accompagne la mise en oeuvre des différentes recommandations sur le terrain. »
Au Sud, Louvain Coopération déploie de nombreuses actions pour enrayer la pauvreté et les processus d’endettement. Parmi celles-ci, on retrouve les stratégies d’accès à l’épargne et au crédit. De projets de microfinance classiques au départ, Louvain Coopération a aujourd’hui évolué davantage vers la microfinance communautaire. Gros plans sur ces actions qui rendent aux familles une sécurité économique.
« L’une de nos grandes priorités, dans les pays où l’on intervient, est de permettre aux populations d’épargner. En se constituant un capital, les familles peuvent soit investir dans une activité, soit faire face aux imprévus », explique Vincent Henin, expert en sécurité alimentaire et économique pour Louvain Coopération. « Lorsque l’on travaille en microfinance, on se rend compte que l’épargne est l’un des éléments les plus porteurs pour sortir les gens de la pauvreté. »
Dès le début des années 2000, Louvain Coopération s’est inscrite dans plusieurs projets de microfinance. Chacune des actions mises en place visait un triple objectif : permettre aux bénéficiaires d’épargner, d’investir pour démarrer ou fortifier leur petite entreprise, et inclure les caisses de micro-crédit dans un projet plus vaste, visant l’amélioration de la santé ou de la sécurité alimentaire.
L’écoféminisme : pour qui, pour quoi ?
Si ce mouvement se décline sous de multiples et diverses modalités – parfois même aux antipodes les unes des autres -, il n’en reste pas moins que tout(e) écoféministe est fort(e) d’une certitude : la société en présence compromet considérablement l’épanouissement des femmes et de la nature.
Être écoféministe, c’est s’investir pour une vision du monde alternative, pour l’avènement d’un paradigme nouveau ouvert aux valeurs dites féminines. C’est prôner la substitution des rapports de force caractéristiques du patriarcat au profit d’une éthique relationnelle consacrant empathie et harmonie du vivant.
Dans le Sud, le mouvement écoféministe revêt une importance peut-être plus particulière encore que dans le Nord. Effectivement, les femmes évoluant dans cet hémisphère et, surtout, au coeur des régions en développement, sont spécifiquement touchées par les déboires écologiques actuels. De fait, cellesci sont généralement en charge des fonctions nourricières et agricoles et, dès lors, intensément au contact de la terre.
Mais c’est justement parce qu’elles sont quotidiennement responsables des ressources alimentaires que ces femmes reflètent si bien l’esprit de l’écoféminisme. En profonde relation avec la terre, détentrices de savoirs traditionnels axés sur l’équilibre et la durabilité du vivant, elles semblent posséder la clé du changement auquel nous conjurent les plus grands écologistes.
Avec plus de 5000 km de côtes, Madagascar possède d’immenses ressources halieutiques. Dans la région du Menabe, les activités humaines et les catastrophes naturelles menacent les écosystèmes côtiers et la surexploitation de certaines zones entraîne une baisse des rendements de la pêche. Avec l’appui de Louvain Coopération et de l’Organisme Public de Coopération Intercommunale (OPCI), les communautés locales du delta de la Tsiribihina ont mis en place des réserves de pêche temporaires pour une gestion durable des ressources marines.
À Madagascar, le secteur de la pêche est dominé par la pêche traditionnelle et artisanale qui emploie, selon les estimations, 102 000 personnes à travers le pays. Les produits de la pêche sont destinés en partie à nourrir les membres de la famille mais génèrent surtout un revenu précieux. Dans l’ouest et le sud-ouest de Madagascar, on estime que 95% des ménages des villages côtiers dépendent essentiellement de ce secteur. L’extrême pauvreté est persistante dans cette partie de la population et touche plus de 70% des pêcheurs traditionnels.
Dans le Menabe, la migration induite par les sécheresses répétées dans le sud du pays accentue la pression démographique sur le littoral et, par conséquent, sur les ressources naturelles. L’utilisation de filets de pêche non réglementaires (mailles trop petites) et la destruction des mangroves pour les besoins en bois des ménages menacent encore davantage l’environnement. Par ailleurs, les risques liés au changement climatique et l’augmentation du nombre de catastrophes naturelles dans la région (cyclone, inondation) aggravent ce contexte fragile. Cette situation se traduit par une diminution des rendements de la pêche, une stagnation voire une réduction des captures et une modification de la composition des prises, en espèce et en taille.