Ces femmes qui se tiennent debout

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Une approche transversale et contextualisée du genre

L’approche genre dans le développement est souvent confondue avec la seule intégration des femmes dans des projets, sans repenser les rapports de domination. Certains vont même jusqu’à justifier cette intégration des femmes par la nécessité de renforcer l’efficience des projets, et non pour un principe d’égale dignité entre les personnes. L’approche genre souffre aussi d’être considérée comme une méthode, une recette « unique », qui permettrait d’englober hommes et femmes dans une dynamique de développement. Comme si la question du genre était une méthodologie et qu’un contexte social pouvait être équivalent à un autre.

C’est pourquoi Louvain Coopération s’est efforcée de développer une approche transversale et contextualisée du genre. En mettant d’abord en place une enquête au sein de toutes les zones d’intervention afin de connaitre les pratiques et d’analyser les efforts accomplis dans les précédents programmes. Cette enquête a été étoffée par des travaux de stagiaires et de mémorantes ainsi que par les échanges fournis au sein de la Communauté d’apprentissage genre. Vous découvrirez ces sujets dans les pages qui suivent.

L’approche genre de Louvain Coopération prend aujourd’hui appui sur les savoirs expérientiels et scientifiques de toutes les zones d’intervention de l’ONG. Tout en défendant les droits humains, Louvain Coopération ne souhaite pas transférer des « recettes » d’une région ou d’un pays à un autre, les contextes socio-économiques et politiques des régions d’intervention ne sont pas que des cadres pour l’action, ils la déterminent également.

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Au sein de notre communauté d’apprentissage, je me suis penchée plus spécifiquement sur l’intersectionnalité (concept visant à révéler la pluralité des discriminations) dans la violence basée sur le genre. Lorsqu'elle interagit avec d’autres formes d’exclusions basées sur l’origine, le statut socio-économique, l’âge,... les effets s’accumulent et façonnent leur sentiment de pouvoir, de résilience et leur position dans la vie sociale et économique. Notre programme d’appui aux systèmes de santé en Bolivie prend donc en compte les multiples formes de marginalisation auxquelles sont confrontées les femmes. Il vise à améliorer la manière dont les services de prévention et de réponse aux violences sont organisés.

Nous visons également des changements plus profonds en intégrant à nos programmes les garçons et les hommes. Notre travail auprès du système éducatif vise à déconstruire les stéréotypes entourant cette problématique et à co-construire de nouvelles masculinités et féminités.

Au Cambodge, les femmes sont soutenues pour s'engager dans des pratiques agricoles durables et des activités entrepreneuriales. Par exemple, après avoir rejoint un groupe d'épargne, elles accèdent à davantage de biens et services et peuvent alors assumer un rôle plus important au sein de leur famille. Plusieurs femmes ont même initié leur propre groupe d'agricultrices pour discuter des questions communautaires, mais également des aspects de santé et de bien-être.

Notre programme vise également à améliorer l'accès à des services de santé complets pour les maladies non transmissibles, en particulier pour la santé mentale. Dans ce cadre, les travailleurs sociaux forment les femmes à fournir une éducation et des références en matière de santé mentale. Elles sont considérées comme des partenaires, servant de lien entre leur propre communauté et le système de santé publique. Elles jouent également un rôle actif dans les campagnes de sensibilisation à la santé, visant à prévenir le diabète et d'autres maladies non transmissibles.

Notre approche du genre considère les femmes comme des agents humains de changement, à travers des actions qui leur offrent un plus grand contrôle sur leur vie.

Chaque année, notre équipe accueille de nombreux stagiaires, mémorants, chercheurs… qui s’intéressent à nos projets. C’est donc tout naturellement que nous avons fait appel à ce vivier de motivations et de savoirs pour nous aider à analyser et construire notre approche du genre et nos actions visant plus particulièrement les femmes. Trois étudiantes ont répondu à notre appel. Elles nous font part de leur expérience.

Pourquoi avoir choisi de faire ton stage chez LC ?

J’ai réalisé un stage de trois mois durant ma 3ème année de Bachelier en Coopération internationale (HEP Namur) à LC. La thématique du genre et de l’empowerment des femmes m’intéressait, et il s’est trouvé que l’ONG voulait renforcer cet aspect au sein de ses projets.

Quel était l’objet de ton stage ?

J’ai travaillé sur la prise en compte du genre dans l’insertion socioprofessionnelle des enfants en situation de rue (ESDR) à Kinshasa (RDC). Que t’ont appris tes recherches ? Il en est ressorti que les relations de genre telles que comprises et adoptées en Occident ne peuvent pas être transposées comme telles dans les sociétés africaines car les réalités ne sont pas les mêmes. La prise en compte du genre dans ce projet était superficielle et rencontrait des difficultés du fait que les sociétés restent encore fortement patriarcales. La gent féminine est reléguée au second plan dans les activités économiques et/ou orientée vers les secteurs précaires mais aussi n’est pas toujours la bienvenue dans les rôles politiques et de prise de décisions au sein de la société.

Quels seraient selon toi les éléments à améliorer pour que cette dimension genre soit mieux prise en compte ?

D’abord il faudrait que les réalités sociales et les représentations de genre en vigueur dans les sociétés soient prises en compte. Ensuite impliquer davantage les hommes dans les campagnes de sensibilisation (masculinité positive), parce que les impliquer c’est leur faire prendre conscience de l’importance de l’autonomisation de la femme et des retombées positives dans la société en général et pour le couple en particulier. Leur faire comprendre que ce n’est pas une guerre des femmes contre les hommes mais plutôt une lutte pour de meilleures conditions de vie indépendamment du sexe. Et enfin, amener l’Etat (lobbys) à mettre en place des politiques en faveur de l’éducation gratuite et de l’inclusion de toutes les couches de la société afin de mettre fin aux inégalités d’accès à l’éducation qui pénalisent les filles.

Aminata Cissé,
étudiante en Master sciences politiques
orientation relations internationales à l’université
Sorbonne Paris Nord (France).

Louvain Coopération et ses partenaires mettent en place de nombreuses actions visant, directement ou indirectement, l’égalité entre femmes et hommes. À l’aube de notre nouveau programme quinquennal, il était essentiel d’interroger la diversité des approches choisies par ces projets, leur contextualisation, les méthodologies utilisées ainsi que, bien entendu, les objectifs de transformation sociétale visés.

Pour y parvenir, les membres de nos équipes, au Nord comme aux Suds, se sont rassemblés au sein d’une communauté d’apprentissage sur l’approche genre. Celle-ci permet d’échanger les savoirs et les expériences et de créer des apprentissages communs, afin d’agir avec discernement, engagement et innovation.

Dans ce Devlop’ qui met les femmes en lumière, donnons la parole à quelques membres de cette communauté.

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