Les ressources halieutiques : entre profits économiques et cris d'alarme des pêcheurs
Les ressources halieutiques : entre profits économiques et cris d'alarme des pêcheurs
Madagascar et l’Union Européenne se sont entendus sur un nouvel accord de pêche. Les deux parties ont réussi à trouver un compromis après plusieurs années d’âpres négociations. Deux changements majeurs sont à retenir : une limitation des bateaux autorisés à pêcher dans les eaux malgaches et une augmentation des taxes. Malgré cette entente, Madagascar, pour qui les attentes étaient élevées, affiche son insatisfaction. De leur côté, les petits pêcheurs artisanaux poussent un cri d’alarme face à cette pêche qui tend à s’industrialiser de plus en plus et menace leur survie.
Le gouvernement malgache a signé un accord dans le secteur de la pêche avec l'occident. Il a fallu plus de 7 jours d'échanges pour que les deux parties puissent trouver un terrain d’entente. Le ministère malgache de la pêche, tout comme les organisations de la société civile -OSC- ont exigé que Madagascar reçoive une compensation financière équitable pour les thons capturés dans ses eaux nationales.
La hausse du droit d’accès pour les armateurs européens a ainsi été revue dans ce nouvel accord qui stipule entre autres que le prix à payer sur une tonne de thon capturée passera de 142 euros à 220 euros, quant aux redevances perçues par Madagascar, celles-ci passeront à 44% contre 36% dans le passé. Une réduction de 25 à 30% du nombre de bateaux européens autorisés à pêcher dans les eaux malgaches est également de rigueur et la quantité de produits autorisés à la capture est limitée à 14.000 tonnes par an. Malgré ces changement, l’écart entre la compensation financière pour Madagascar et les bénéfices des entreprises privées dans le secteur reste énorme.
La baisse des ressources au détriment des pêcheurs
La pêche artisanale fait vivre plus d'un million d’habitants à Madagascar. Les petits pêcheurs ont alerté sur la baisse importante de leurs revenus. Les accords avec l’UE ont été souvent critiqués au niveau international à cause du faible montant de compensation financière octroyée, le prix de l’accès aux ressources représentant moins de 5% des profits obtenus par les bateaux de pêche européens.
Le scandale des derniers protocoles d’accord de pêche, signés avec les sociétés chinoises en 2018 (pour 330 navires), en 2019 (pour une trentaine de navires) ou encore récemment au mois de juillet dernier avec l’association japonaise des coopératives de thon « Japan Tuna » a pourtant montré que le public porte un fort intérêt pour le sujet de la pêche dans les eaux malagasy.
De même, le CAPE (Coalition pour des accords de pêche équitables) avait tiré la sonnette d’alarme en 2020 sur l’emprise grandissante des flottes d’origine asiatique sur les ressources halieutiques de Madagascar, et les inquiétudes que cela génère chez les petits pêcheurs malgaches depuis plusieurs années. Ces derniers ne peuvent plus subvenir à leurs besoins à cause de l’accaparement de leurs ressources marines par les grandes puissances du Monde.
De grands chalutiers raclent les fonds sous-marins, certains sont des usines flottantes qui transforment sur place leur prise, pour une plus grande marge de retour sur investissement. Les pêcheurs doivent donc aller toujours plus loin dans l’eau pour espérer profiter de quelques produits marins, mais avec des moyens plus que rudimentaires, comme les pirogues à balanciers, sans moteur, sans balise, sans radio ni gilets de sauvetage, leur sécurité est souvent menacée.
Au-delà de la sécurité humaine, celle du monde animalier s’en retrouve également menacée. Le 8 novembre dernier, une baleine s’est échouée sur le littoral de Madagascar après avoir été piégée dans des filets de pêche qui, d’après les pêcheurs locaux, appartiennent à l’un des bateaux de pêche d’une industrie chinoise qui s’est implantée dans la ville de Morondava, capitale économique et administrative du Menabe dans la province de Tuléar.