Quand un miracle économique devient un désastre écologique
Quand un miracle économique devient un désastre écologique
Le 11 novembre dernier, nous assistions au TedX Liège où Philippe Baret, Doyen de la faculté des bioingénieurs de l’UCLouvain, nous exposait comment un miracle technologique est devenu un désastre écologique. Retour sur cet évènement.
Le 20ème siècle a été marqué par un boom démographique titanesque. Il y a cent ans naissait la première sorte de maïs hybride, apportant un espoir technologique au défi de nourrir quatre milliards d’êtres humains supplémentaires. La révolution verte accompagnée par l’insertion de ces plantes hybrides a permis de tripler la production de céréales des pays industrialisés en seulement 40 ans. Mais aujourd’hui, nous remarquons que ce miracle technologique est devenu un désastre écologique à grande échelle. En effet, cette trajectoire technologique initiée au 20ème siècle n’a pas tenu compte de ses impacts environnementaux. Cette trajectoire agriculturale n’est juste pas tenable au vu des changements climatiques et de la limitation des ressources.
Un modèle du futur ?
Nous l’avons déjà trouvé : l’agro-écologie, un modèle venant des paysans du sud. Philippe Baret nous explique : « L’agro-écologie c’est faire de l’agriculture et en même temps de l’écologie. Cela veut dire, contrairement au modèle du 20ème siècle, non plus maitriser la nature mais être l’allié de la nature. Travailler ensemble et imiter les systèmes naturels. ».
L’agro-écologie se présente comme le modèle agricultural du futur, permettant de nourrir tous les êtres humains de la planète tout en respectant l’environnement. Mais pourquoi ce système n’est pas alors mis massivement en place ? Comment pouvons-nous avoir un modèle qui fonctionne mais que personne n’adopte ?
« Car Les agriculteurs n’ont plus de pouvoir de décision. Ce n’est pas eux qui décident des prix ou de ce qu’ils produisent. Ils sont donc complètement dépendant d’un système qui est, d’une part, dominé par les firmes de l’agro-chimie et d’autre part, par les firmes de l’agro-alimentaire. », répond Philippe Baret. Il défend le principe selon lequel produire plus ne permet pas de nourrir plus. Le constat est simple : nous avons assez de nourriture pour nourrir tous les humains présents sur notre planète. Le plus grand obstacle auquel nous devons faire face est la pauvreté. La grande majorité des petits producteurs du sud sont pauvres et se retrouvent enlisés par le système actuel dans lequel les surplus de productions européens sont exportés vers les pays du Sud où ils sont revendus à plus bas prix que la production locale. Ce qui tue littéralement le commerce local et empêche le développement de leur filière. « Si vous voulez retenir une chose, plus on produit au Nord, plus on appauvrit au Sud », rajoute Philipe Baret.
Mais comment pouvons-nous faire la transition entre un modèle qui n’a aucun futur et le nouveau modèle ? Philippe Baret nous propose d’ouvrir de nouvelles trajectoires en les construisant autour de trois principes simples : changer les objectifs du système, changer la cible des critiques et voir adopter une vision plus « macro » du monde qui nous entoure. « Nous arriverons ainsi à une agriculture plus durable et plus belle ! », conclut-il.