La santé des femmes n'a pas de prix

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Jounral Devlop' 16: la santé des femme n'apas de prix
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Agir pour améliorer la santé des femmes

Lorsqu'une femme est sur le point d'accoucher, pouvezvous concevoir que ses proches doivent faire le tour du voisinage afin de récolter de l’argent et ainsi financer la césarienne qui les sauvera, elle et son enfant ? Non ? Pourtant, c’est encore une réalité dans de nombreuses régions du monde. Chaque jour, environ 830 femmes meurent des suites de leur grossesse ou accouchement. Et 99% de tous les décès maternels surviennent dans les pays à faibles revenus. Des chiffres totalement inacceptables, quand on sait que la plupart de ces décès sont dus à des complications qui pourraient être évitées ou traitées.

Depuis plusieurs années, il y a une prise de conscience autour de cette problématique : l’amélioration de la santé maternelle constitue le 5ème Objectif de Développement Durable poursuivi par les Nations Unies. On a d’ailleurs assisté, depuis 20 ans, à un recul de la mortalité maternelle à travers le monde et notamment en Afrique subsaharienne, mais un recul bien trop lent et affaibli ces dernières années par la pandémie de Covid-19.

Les décès de jeunes mamans ne sont pas uniquement un problème médical : ils sont aussi une question sociale et politique. L’accès financier aux soins de santé est au coeur de la santé maternelle, et les mutuelles de santé ont un rôle capital à jouer pour le changement. Si la protection sociale est une évidence en Belgique, cela l'est beaucoup moins au Bénin, Togo et Burundi, où Louvain Coopération travaille sans relâche pour prendre part au changement. En cotisant chaque mois, les jeunes mamans mutualistes s’assurent une prise en charge médicale globale pendant et après leur grossesse. Mais la santé des femmes ne se limite évidemment pas aux grossesses. Les cancers du sein et du col de l’utérus font aujourd’hui des ravages en Afrique, tout comme les maladies non transmissibles telles que le diabète.

Découvrez dans ce Devlop’ les actions que nous menons afin d’améliorer la santé des femmes.

Brice Titipo
Responsable Programme
Accès aux Soins de Santé & Promotion de la Santé
en Afrique de l’Ouest

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Depuis 2006, les Mutualités Libres et Louvain Coopération collaborent pour créer et développer des mutuelles de santé afin de garantir un accès aux soins de santé pour toute la population. Ces structures jouent un rôle capital dans la santé des femmes. Christian Horemans, Expert Affaires internationales au sein de l'Union nationale des Mutualités Libres, et Brice Titipo, Responsable Programme Accès aux Soins de Santé & Promotion de la Santé en Afrique de l’Ouest pour Louvain Coopération, reviennent sur nos projets communs, en faveur de la santé. Entretien.

LC : Pourquoi les Mutualités Libres ontelles voulu s’engager pour la santé et la protection sociale dans les Suds ?

C.H. : En tant que mutuelle, la solidarité est inscrite dans notre ADN. Il nous a donc semblé très logique de mettre notre expertise au service des projets de Louvain Coopération, dans un esprit intermutualiste et intercontinental. L’accès aux soins de santé est un droit de base. Or, dans les pays où nous travaillons avec LC, seuls 10 à 20% de la population bénéficient d’une couverture santé de l’État. Contribuer à l’amélioration du bien-être et de la sécurité de familles nous apporte une grande satisfaction.

LC : En quoi le développement de mutuelles aux Suds permet d’améliorer la vie des femmes ?

C.H. : Les mutuelles permettent d’abord l’accès financier à des soins de santé de qualité. En plus, avec le carnet de mutuelle, c’est plus facile pour les femmes mutualistes de recevoir des soins ou de faire soigner leurs enfants. Les mutuelles peuvent aussi jouer un rôle dans les initiatives de prévention et la promotion de la santé, qui peuvent aussi cibler les femmes. Enfin, la structure démocratique des mutuelles donne aux femmes l’occasion d’y être représentées. Certaines mutuelles sont d’ailleurs entièrement gérées par des femmes.

Louvain Coopération est également active au Burundi pour améliorer l’accès aux soins de santé, à travers les mutuelles de santé communautaires. Cette année, une toute nouvelle action prend forme, visant particulièrement la santé des femmes et leur représentation au sein des mutuelles.

Au Burundi, la problématique de l’accès aux soins de santé est particulièrement alarmante. Près de 90% de la population ne bénéficie d’aucune protection sociale en termes de santé. Les plus touchés sont les populations rurales et les travailleurs du secteur informel, qui se retrouvent exposés à des dépenses insurmontables en cas de maladie.

Louvain Coopération et les Mutualités Libres travaillent à l’amélioration de l’accès aux soins de santé pour ces populations, avec une attention plus particulière portée aux femmes. « Selon la coutume, les femmes sont responsables de la santé de la famille, celle des enfants en particulier », explique la docteure Jeanine Kamana, assistante technique en santé pour Louvain Coopération au Burundi. « Si une femme comprend l’importance de s’affilier à une mutuelle de santé, elle va engager toute sa famille dans le processus ! De plus, les femmes sont bien trop absentes dans les instances de décision des mutuelles car la priorité est laissée aux hommes. Nous voulons inciter les femmes à y prendre plus de place car cela les concerne directement. »

Les mutuelles de santé que nous soutenons au Burundi permettent notamment aux femmes affiliées d’accéder à tous les soins liés à la grossesse. Mais, jusqu’ici, les maladies plus lourdes comme le cancer du col de l’utérus ou du sein n’étaient pas prises en charge. Cela va changer. « Beaucoup de femmes meurent dans l’ignorance. Elles se font soigner par des guérisseurs alors que l’on pourrait les traiter plus rapidement et efficacement si un diagnostic était posé suffisamment tôt. Il est capital qu’elles soient averties de l’existence de ces maladies et de la façon de les reconnaître », insiste Docteure Jeanine.

Pour informer les femmes, Louvain Coopération organise, avec les mutuelles de santé, des séances de sensibilisation dans les communautés. Elles y apprennent à se prémunir contre les maladies sexuellement transmissibles, mais également à reconnaître les premiers signes en cas d’infection ou de cancer du col de l’utérus ou du sein. « Nous mettons un maximum d’efforts sur la prévention car, en principe, la prise en charge des femmes dépistées positives au cancer du col de l’utérus n’est pas remboursée par les mutuelles, nous n’en avons malheureusement pas les moyens. Mais si la maladie est détectée à un stade précoce, qu’il s’agit encore de lésions précancéreuses, nous avons prévu suffisamment de fonds pour les soins. En cas de cancer trop avancé, la patiente devra être transférée vers un hôpital de Bujumbura et les frais seront à sa charge. Voilà, aussi, pourquoi il est si important d’investir dans la prévention ! »

Ce travail sur les maladies sexo-spécifiques au Burundi est un projet pilote, « si nous parvenons à prouver son importance et ses impacts positifs sur la santé des femmes, alors nous espérons obtenir des financements plus importants pour toucher davantage de femmes ! »

En décembre, Hélène, Manon et Gwendolyn, trois étudiantes en médecine à l’UCLouvain, ont réalisé un stage au Cambodge, auprès de l’un de nos hôpitaux partenaires. L’une d’entre elles revient sur cette expérience humaine et médicale.

« Je m’appelle Hélène, et je suis en sixième année de médecine à l’UCLouvain. Dans le cadre de nos stages de dernière année, nous avons eu l’opportunité de partir à l’étranger afin de découvrir une culture et un système de santé autres. J’ai réalisé mon stage dans le service de pédiatrie d’un hôpital public situé à Kampong Cham, au Cambodge. Plusieurs éléments ont marqué ces six semaines. Tout d’abord, la notion de stérilité n’est pas la même que chez nous : nous sommes habitués à énormément de matériaux à usage unique, qui, là-bas, ont plusieurs vies. L’hygiène est également d’un autre niveau. Elle explique un taux d’infections plus élevé, avec pour conséquence une consommation abusive d’antibiotiques prophylactiques.

Apprendre à s’adapter

L’accès aux examens complémentaires est aussi limité, ceux-ci ne sont disponibles que dans certaines villes ou des pays voisins. J’ai dû adapter ma réflexion médicale en prenant en compte les moyens limités du pays. Ma pratique future sera certainement marquée par cette expérience, mais je souhaiterais en garder le meilleur et pouvoir apprendre de leur système. Par exemple, la famille est très intégrée dans les prises en charge, dans les réflexions médicales : elle constitue un membre important de l’équipe médicale. L’esprit d’équipe entre infirmiers et médecins était également très agréable. Cela améliore les prises en charge et rend l’ambiance bien plus légère. Je me sens chanceuse d’avoir pu vivre cette expérience, d’avoir pu me rendre compte des différences, des faiblesses et forces de chaque pays. Ce stage fût très formateur sur le plan humain. Il m’a poussé à reculer mes limites chaque jour, m’a confrontée à des situations nouvelles et certainement uniques. Le peuple cambodgien est l'un des plus souriants que j’ai pu rencontrer, ils sont très accueillants et arborent un sourire sans faille qu’importe la situation. »

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