Edito
Des solutions complémentaires et interconnectées pour un changement durable
Aujourd’hui, les défis posés par les changements climatiques varient considérablement entre les pays du Nord et ceux du Sud global, en raison des différences économiques, sociales et environnementales. Des solutions existent pour rendre les populations vulnérables, vivant principalement dans le Sud global, plus résilientes. Cela nécessite une approche systémique et inclusive, qui renforce les capacités locales et soutient des pratiques agricoles durables, tout en préservant l'environnement pour les générations futures.
Les systèmes alimentaires durables tendent à répondre à ces enjeux, en fournissant une alimentation saine tout en respectant les limites écologiques de notre planète. Pour renforcer la résilience des producteurs agricoles, il est aujourd’hui impératif de promouvoir des pratiques agroécologiques qui favorisent des systèmes de production à la fois productifs et durables. L'agroécologie permet de valoriser la biodiversité, d’améliorer la santé des sols, de réduire l'utilisation de pesticides et d'engrais chimiques, et de soutenir les savoirs et les pratiques locales. Elle intègre des aspects sociaux et économiques en cherchant à renforcer l'autonomie des exploitations agricoles familiales.
En adoptant des pratiques agricoles durables, en gérant efficacement les ressources naturelles, en renforçant les chaînes de valeur locales et en promouvant la justice sociale, il est possible de créer des systèmes alimentaires qui nourrissent la population mondiale tout en préservant l'environnement et en favorisant l'équité économique et sociale. La collaboration internationale, l'innovation technologique et l'engagement des communautés locales sont essentiels pour réussir cette transition vers des systèmes alimentaires durables.
Il est urgent de construire un avenir plus résilient, équitable et respectueux de l'environnement. Sans relâche, nos équipes et partenaires se battent pour cet idéal. Dans cet engagement, les systèmes alimentaires durables, les chaînes de valeur agricoles et l'agroécologie sont nos meilleurs alliés : des solutions complémentaires et interconnectées pour enclencher le changement.
Doriane Desclée
Référente thématique Systèmes Alimentaire Durable
Pour faire face aux grandes inégalités nées de la globalisation des marchés, Louvain Coopération œuvre depuis plusieurs années au développement de systèmes alimentaires durables. Pour y parvenir, nous développons une approche intégrée et systémique qui vise à optimiser chaque maillon et soutenir chaque acteur de la chaine, du champ à l’assiette.
Saviez-vous qu’au Togo, comme dans la plupart des pays d’Afrique, le riz asiatique coûte moins cher que le riz produit localement ? Cet exemple, choisi parmi tant d’autres, illustre les inepties nées de la globalisation de nos systèmes alimentaires. Une globalisation qui crée de grandes inégalités et tend à maintenir les pays des Suds dans un rôle de production agricole de base à faibles rendements, peu rentable et très dépendant de la fluctuation des prix au niveau mondial.
Louvain Coopération œuvre depuis plusieurs années au développement de systèmes alimentaires durables, c’est-à-dire respectueux de l’environnement, des producteurs et de la santé des consommateurs. Pour y parvenir, il nous est nécessaire de travailler de façon holistique et territoriale, sur l’ensemble des éléments du système et leurs interrelations, car un système alimentaire comprend tous les éléments, facteurs et activités liés à un produit alimentaire, de sa production primaire à sa consommation finale, en passant par les externalités générées par ces activités, y compris les impacts socio-économiques et environnementaux.
Dans un contexte où les systèmes alimentaires mondiaux sont confrontés à des défis majeurs, la diversification des connaissances devient essentielle pour leur transformation durable et équitable. L'article "Knowledge Democratization Approaches for Food Systems Transformation", co-écrit par un groupement de chercheurs, dont Amaury Peeters, Responsable de notre Service Recherche & Développement et publié en mai 2024 dans la revue Nature Food, souligne l'importance d'intégrer les savoirs traditionnels, autochtones et locaux dans les décisions relatives aux systèmes alimentaires. Il identifie plusieurs principes fondamentaux pour démocratiser les processus de connaissance et de politique.
L’article illustre ensuite diverses initiatives dans différents contextes qui appliquent ces principes, et propose trois recommandations clés : la justice épistémique, la co-création interculturelle et l'échange mutuel des connaissances. Ces principes invitent à reconsidérer ce qui est perçu comme une preuve et ils visent à reconnaître la validité des savoirs non conventionnels, à favoriser leur dialogue avec la science et à promouvoir une collaboration interculturelle. L'article s'inscrit également dans un travail collectif plus large, illustré par la publication du compendium "The Politics of Knowledge" en 2022.
Du Pérou au Cambodge, en passant par Madagascar et le Bénin, nos équipes et partenaires accompagnent des milliers d’acteurs des systèmes alimentaires : producteurs et productrices agricoles, mais également des groupements et des entrepreneurs qui vivent de la transformation de produits agricoles.
Notre objectif : leur permettre d’améliorer leurs rendements, tout en préservant la terre qui les nourrit. En expérimentant et intégrant de nouvelles pratiques, ils deviennent plus résilients face aux aléas du climat, obtiennent une juste rémunération pour le travail fourni et améliorent leurs conditions de vie.
Chanmony Sean, chercheur au Cambodia Development Research Institute, effectue actuellement une thèse de doctorat autour de la transition agroécologique au Cambodge, dans le cadre de notre projet « Agroecology and Safe food System Transitions (ASSET) ».
L'objectif global est de construire un outil et une méthodologie adaptable aux contextes locaux, afin d’évaluer les systèmes agroécologiques en transition et accompagner les acteurs de cette transition. Chanmony a déjà procédé à une revue critique des outils actuels, de leurs utilisations, de leurs effets et de leurs limites.
« Les prochaines étapes de mon travail consisteront à identifier les défis et les besoins en matière de transitions agroécologiques et d'évaluation et, enfin à développer des outils et méthodologie adéquats pour évaluer les systèmes agroécologiques et accompagner les acteurs dans cette transition », explique-t-il.
Grâce à ce travail, nous espérons accompagner au mieux l’agriculture familiale et les systèmes rizicoles dans leur transition vers l’agroécologie, afin de développer des systèmes de production sains et respectueux de l’environnement.