Défendre la nature et ceux qui en vivent

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Sauvegarder l’environnement et les activités humaines

Les enjeux environnementaux prennent aujourd’hui de plus en plus de place au sein des projets de développement. Il ne s’agit pas d’un choix, mais d’une nécessité, d’une obligation, d’une urgence. Bien plus encore qu’ici, les impacts du dérèglement climatique bouleversent le quotidien, en particulier des populations des pays du Sud. Agriculteurs, pêcheurs, éleveurs… tous ces hommes et ces femmes qui dépendent de la nature pour vivre, la regardent se révolter avec l’inquiétude de l’impuissance.

Une grande partie des actions à accomplir se trouve chez nous, dans une révolution de nos habitudes. Si nous voulons agir ailleurs, alors il faut le faire bien. Il ne s’agit pas d’imposer aux Suds notre vision de la conservation environnementale. Il est impératif de réfléchir, avec nos partenaires, avec les populations concernées, pour comprendre leurs besoins et construire des actions sensées et efficaces.

La vie d’un homme peut-elle se mesurer en hectares de forêts ? En nombre d’espèces animales et végétales rares ? Nous refusons de faire ce choix. La seule voie possible pour nous est la recherche d’un équilibre entre sauvegarde de l’environnement et activités humaines, entre conservation des ressources naturelles et dignité pour celles et ceux qui en dépendent.

Dans ce défi, nous pouvons compter sur l’expertise de nos partenaires locaux, de l’UCLouvain et d’universités locales. Ces alliés inestimables nous permettent de sans cesse challenger, repenser, innover dans nos actions et dans la recherche d’un monde plus juste et plus durable.

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Depuis plusieurs années, Louvain Coopération fait de la sauvegarde de l’environnement l’un de ses chevaux de bataille. Toute la difficulté des projets à vocation écologique réside dans la recherche d’un équilibre entre la préservation d’un milieu naturel fragile et le maintien d’une activité économique pour les populations locales.

Aujourd’hui, la dimension environnementale est présente dans chacun des projets que nous mettons en oeuvre. L’enjeu est double : préserver des ressources naturelles capitales pour la planète, pour la biodiversité, mais également maintenir un milieu sain et une nature productive pour celles et ceux qui y habitent et en vivent. Bien souvent pourtant, la préservation d’un milieu et des ressources qu’il contient engendre une perte de revenus, en tout cas à court terme, pour ses habitants. Une perte qui peut être catastrophique pour des familles qui se trouvent dans une insécurité alimentaire et économique permanente.

Il faut donc innover et réfléchir à des alternatives qui permettent de préserver au mieux chaque acteur, en ce compris les composants naturels d’un milieu.

Les forêts de mangroves se développent en zone humide, à l’interface entre la mer et la terre. Elles constituent un rempart face aux vents et aux vagues, mais également une zone de reproduction, véritable nurserie pour des milliers d’espèces animales et végétales. Pour leurs habitants, elles sont une réserve de bois indispensable à la construction des maisons et des pirogues, mais aussi un garde-manger pour celles et ceux dont la survie dépend de la pêche. A l’échelle mondiale, elles sont un véritable poumon, capturant jusqu’à dix fois plus de CO2 à l’hectare qu’une forêt classique.

Il y a trente ans, l’île de Madagascar était bordée par 310.000 hectares de mangroves, soit 20% des mangroves africaines. Depuis les années 90, les dérèglements climatiques et la déforestation massive ont détruit plus de 80.000 hectares de ces forêts : 25% des mangroves malgaches ont disparu.

Louvain Coopération travaille pour la préservation et la restauration de ces forêts si précieuses, en particulier dans la région Menabe. Nous soutenons les autorités locales qui veillent à la protection des forêts, nous encourageons les communautés et les appuyons dans la mise en place de campagnes de reboisement et de réserves temporaires de pêche, soit des zones où il est interdit de pêcher pendant quelques mois afin d’assurer la reproduction des poissons et autres espèces animales et végétales. Par ailleurs, nous accompagnons les habitants des mangroves, pêcheurs pour la plupart, dans le développement d’autres sources de revenus afin de réduire et limiter la dégradation des mangroves et plus largement des ressources naturelles.

De 2017 à 2021 dans la région Menabe, plus de 100 hectares de mangroves ont ainsi été reboisés, soit plus de 482.000 propagules (plants de mangroves) plantées. 2.630 habitants ont été sensibilisés à la préservation des ressources naturelles en participant à des campagnes collectives de reboisement.

Un autre aspect de notre travail autour des mangroves tient dans la collaboration avec les autres ONG universitaires membres du consortium Uni4Coop, qui oeuvrent également à leur préservation, mais dans d’autres pays. Il s’agit de mettre en commun les expériences et savoirs issus de nos projets, de nos universités et d’acteurs locaux afin d’orienter nos actions au mieux et les rendre les plus impactantes possible.

L’Approche Outil d’Intégration Environnementale dite Approche « OIE », est un dispositif visant à intégrer efficacement et de manière systématique l’environnement dans l’ensemble des projets de Louvain Coopération liés à la sécurité alimentaire et économique. Elle est fondée sur des questionnaires portant sur la qualité du sol, de l’eau, de l’air mais aussi sur la biodiversité, les déchets, l’énergie, ou encore les capacités des acteurs locaux à intégrer l’environnement dans leurs activités. Ils permettent de décrire précisément l’état de l’écosystème avant, pendant et après le projet, mais également d’identifier les influences du projet sur l’environnement et inversement.

Grâce à ces observations, des objectifs et des actions sont formulés par les micro-entrepreneurs et producteurs soutenus, ainsi que par nos équipes qui travaillent sur le terrain, et se traduisent en engagements concrets en faveur de l’environnement. Cette Approche est née il y a dix ans et a, depuis lors, parcouru un beau chemin. Fin 2020, la DGD (Direction générale coopération au Développement et Aide humanitaire) l’a choisie comme référence à utiliser pour les ONG belges « pour assurer une meilleure compréhension des attentes et porter une attention structurée sur les problématiques environnementales ».

Le prochain chantier consiste en la digitalisation d’un des outils spécifiques de l’Approche. Pour l’instant, il vit toujours sous la forme d’un questionnaire papier à remplir par les producteurs avec l’aide de techniciens qui se rendent dans les villages. Sa digitalisation permettrait de l’utiliser plus facilement, de le diffuser davantage et de compiler les objectifs et résultats qui en sont issus pour les exploiter dans le cadre de recherches scientifiques.

Louvain Coopération prend part à un vaste projet de Restauration et gestion durable des écosystèmes agricoles montagneux du Sud- Kivu, initié par la FAO (Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture). Ce programme se déploie sur les territoires de Kabare et Walungu, dans les environs du Parc National de Kahuzi Biega. Il a pour objectif l’amélioration des opportunités de développement de la République démocratique du Congo à travers l’exploitation durable des ressources naturelles, ainsi que la reforestation et la gestion durable et communautaire de ces ressources.

Durant ces dernières décennies, la déforestation en RDC s’est considérablement accrue, passant de 0,17% par an entre 1990 et 2000 à 0,52% entre 2010 et 2014 (FAO, 2017). « Il n’y a pas de pluie sans forêt or, toutes les forêts sont en voie de disparition ici au Sud-Kivu. La province est classée sixième du pays en termes de déforestation et de dégradation, avec 16.500 hectares par an », explique Olivier Matumaini, notre Chef de projets SAD (Systèmes Alimentaires Durables) en RDC.

« Les gens souffrent de la crise économique et l’exploitation, parfois de manière illégale, des ressources forestières ligneuses (bois et charbon de bois) et non ligneuses, est devenue une source de revenus pour certains ménages. Aujourd’hui, le parc fait partie des rares espaces écosystémiques relativement préservés par la déforestation. Nous pensons ici que sa présence contribue au peu de pluies dont nous continuons encore à bénéficier. Le Parc National de Kahuzi Biega est un écosystème important à protéger, il présente des caractéristiques rares en termes de biodiversité. »

Le rôle de Louvain Coopération au sein de ce projet est de développer, avec les populations riveraines du parc, des activités économiques alternatives rentables favorisant la restauration des forêts et paysages, et qui peuvent remplacer les revenus qu’ils tirent de l’exploitation du bois. 70 projets portés par des micro-entreprises dans les domaines de l’agriculture, de l’élevage, de l’artisanat ou encore de l’agroforesterie ont été sélectionnés. Les participants sont déjà formés, et ils seront financés et suivis techniquement dans la mise en oeuvre de leur activité économique. Sur le moyen terme, ces microprojets participeront aussi à la restauration du milieu via notamment la reforestation, la protection des espaces reboisés, l’amélioration des revenus des communautés ou l’utilisation de techniques agroécologiques.

Dans toutes ses zones d’intervention, Louvain Coopération soutient des agriculteurs et agricultrices. L’objectif général est d’améliorer les conditions de vie des familles, en travaillant à la diversification et à l’augmentation des récoltes et des revenus qui y sont liés, mais aussi à la structuration de coopératives ou de filières.

Pour y parvenir, nous nous appuyons sur la co-création et l’échange de savoirs, par le biais de paysans modèles ou des champs écoles paysans et de formations dédiées aux techniques agricoles durables dans une approche agroécologique. Composts, plantes améliorantes, lutte antiérosive, rotations et associations de cultures, agroforesterie… toutes ces techniques permettent aux producteurs d’améliorer leurs rendements, leur diversification alimentaire, tout en préservant la terre qui les fait vivre. En produisant eux-mêmes leurs semences et leurs engrais organiques, ils économisent beaucoup d’argent et gagnent en autonomie.

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