Edito
Pour que les jeunes entraînent un réel changement
Si aujourd’hui les nouvelles générations se soulèvent pour une justice climatique #ClimateJustice, une égalité de genre #MeToo, une justice migratoire #NotInMyName ou encore pour l’antiracisme #BlackLivesMatter, la montée des nationalismes en Belgique et dans le Nord global, l’ultralibéralisme et les discriminations liées au genre ne cessent de progresser (CNCD-11.11.11). Ces faits alimentent l’imaginaire collectif des citoyens, sèment la peur et renforcent les stéréotypes. Dans le même temps et au sein de cette même génération, fleurissent d’autres mouvements qui se veulent nationalistes, tenant des discours racistes, homophobes et sexistes, et cela, de manière décomplexée. Ajouté à cela, le modèle de développement dans le Nord global, jadis loué pour son efficacité et sa grande production de richesses, ne cesse de montrer ses limites à travers les crises socio-écologiques entraînant des inégalités et la destruction de notre planète.
L'enseignement supérieur n'échappe pas à ce dysfonctionnement. À titre d'exemple, l'augmentation des frais d'inscription pour les étudiants étrangers (RTBF), le harcèlement et les agressions sexuelles qui font de plus en plus surface (UCLouvain), la blanchité du corps académique, etc. illustrent ces inégalités au niveau structurel et au niveau des épistémologies à dominance eurocentrique, produisant ainsi des effets d'aveuglement et d'ignorance.
Louvain Coopération à travers son programme Nord, Éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidaire et Éducation Permanente, a pour mission de favoriser davantage un esprit critique autour de ces rapports de domination auprès de la communauté universitaire, des Hautes Écoles et des Écoles supérieures des arts et en particulier au sein du public étudiant. Encourager cet esprit critique suppose de comprendre les inégalités, souvent cumulatives, comme un ensemble d’inégalités qui se nourrissent entre elles et se renforcent : « elles font système » (Raymond Boudon et François Bourricaud). Par inégalités sociales, nous entendons les inégalités de ressources, de genre, de savoir et de pouvoir. Ces inégalités dominent nos relations, tant dans le Sud global que dans le Nord global et plus encore dans les relations entre les deux. Il s’agit donc, au sein de notre programme, de participer à l’émergence d’un mouvement entier qui décortique sans essentialiser ce système de domination afin de mieux (se) déconstruire, mais aussi de (se) réinventer, de proposer des pistes d’action aux étudiant·e·s et de les accompagner dans le processus de changement. Ce mouvement se veut à la fois réflexif – en contact avec le monde académique – et tourné vers l’action – ensemble avec les acteurs et actrices de la société civile.
Fiona Nziza,
Chargée du Programme Nord
Co-construit avec un collectif d’étudiants de l’UCLouvain, l’Afrika United Kap, le projet Afro-Récits se penche sur l’invisibilité des discriminations raciales dans la société et à l’université notamment. Il vise à accompagner les collectifs d’étudiant·es afrodescendant·es à construire des possibilités de changements structurels pour une société plus égalitaire.
Le projet intitulé : « Afro-Récits : S’émanciper pour lutter contre les discriminations raciales », émane de divers échanges avec les étudiants des diasporas africaines réalisant leurs études à l’UCLouvain et du groupe de travail « Décolonisation » de l’UCLouvain, ayant pour mandat de rédiger un rapport sur le rôle de l’université dans la décolonisation. Il s’inspire également des conclusions du colloque interdisciplinaire réalisé par l’ONG Avocats Sans Frontières et le MIT, auquel Louvain Coopération a pris part, réunissant les diasporas africaines vivant sur le continent. Enfin, il s’est construit autour de discussions avec l’organisation ITECO, qui vise à replacer les citoyens comme acteurs de la société, et avec qui nous avons continué les réflexions.
L’un des enjeux majeurs qu’identifient ces différents acteurs se situe au niveau de l’invisibilité des discriminations raciales dans la société et à l’université notamment. Les étudiants afro-descendants déclarent par ailleurs avoir besoin d’outils pour mieux réussir à se penser, à mettre les mots sur ces discriminations et à développer des capacités d’action en portant leur propre voix dans une perspective d’émancipation et de sensibilisation envers leurs pairs.
En février dernier, Carmelle Nezerwe, anthropologue de formation avec une spécialisation en action humanitaire internationale, a rejoint notre équipe d’ECMS, aux côtés de Fiona Nziza et Juliette Delvaux. Elle partagera son temps de travail entre Louvain Coopération et l’AMO La Chaloupe (voir ci-contre), afin d’accroître la collaboration entre nos deux organisations. « Ce qui me motive à travailler dans l’Éducation à la Citoyenneté Mondiale et Solidaire, c’est la création d’espaces d’échanges, de réflexion et de co-construction du savoir dans le but d’aller vers un engagement citoyen collectif et individuel », explique-t-elle.
« L’ECMS a, me semble-t-il, cette force de confronter nos convictions, de pousser à nous décentrer et d’impulser un changement de comportement tant individuel que collectif. Cette impulsion collective engendre un impact sociétal qui a pour but d’influencer, entre autres, les décisions politiques.
Par ailleurs, les thématiques mises en avant par Louvain Coopération et La Chaloupe, à savoir : l’écologie, le féminisme, la décolonisation ainsi que leurs déclinaisons, sont pour moi une source de motivation. Je suis convaincue de leur importance et je souhaite stimuler l’expérience d’une altérité de tout un chacun, ceci pour permettre la rencontre et la reconnaissance de l’autre, de son identité. Travailler avec des jeunes en Belgique et au Bénin sur ces sujets sera sûrement un défi et une expérience très intéressante au niveau du croisement des savoirs et des pratiques. »
Elle ajoute : « Il est très important d’impliquer les jeunes dans les enjeux sociétaux, afin de les conscientiser sur l’importance de ceux-ci. Ils auront ainsi les outils de réflexion pour agir à leur échelle. Dans un monde tourné vers la croissance à tout prix, il est primordial de motiver les jeunes à s’engager pour parvenir à un changement de paradigme. »
En collaboration avec le programme Be global d’Enabel, Uni4coop organise un module de formation à destination des étudiants en agrégation. Nous y abordons des questions d’inégalités, de discriminations et la façon dont le milieu scolaire peut à la fois reproduire ou combattre celles-ci. Nous invitons les étudiants à se questionner sur leurs postures de (futurs) enseignants et sur leurs rôles dans la formation de nouvelles générations de citoyens. À la lumière d’une éducation qui favorise une réflexion critique et une ouverture au monde et aux autres, les générations de demain pourront œuvrer pour un monde plus juste et équitable.
Pourquoi les agriculteurs belges se sont mobilisés massivement dans les rues en janvier dernier ? En quoi nos habitudes alimentaires impactent lourdement la vie d’agriculteurs à l’autre bout du monde ? Ces questions, nous les abordons lors de notre activité Uni4Coop annuelle : « DJESA », ou Demi-journées d’échanges sur la souveraineté alimentaire.
En collaboration avec Vétérinaires Sans Frontières et Humundi, nous avons eu l’occasion cette année de réaliser l’activité « DJESA » pour l’ensemble des étudiants de Bac 2 de bioingénieur à l’UCLouvain. Elle apporte un regard nouveau et transversal sur les questions de souveraineté alimentaire en Belgique, mais également à l’international. L’objectif est d’offrir un espace de réflexion et de débat sur les grands enjeux sociétaux liés à l’évolution de nos systèmes alimentaires.
Pour introduire le débat, le spectacle mêlant théâtre et conférence « Faim de vie » de Brigitte Grisar et Jacques Esnault nous questionne : « Comment, au 21ème siècle en Belgique, des milliers de personnes ne mangent pas à leur faim ? Comment, à travers le monde, l’aide humanitaire alimentaire est toujours une réalité ? Mais, si la faim n’est pas une réalité indépassable, qui en est responsable ? Que pouvons-nous faire pour changer cet état de fait ? »
Les étudiants sont ensuite répartis en ateliers thématiques approfondis, alliant technique d’animation participative et l’expertise de nos invités. Face aux défis sociaux et environnementaux que pose le modèle agricole dominant, l’équipe de recherche du Sytra (Centre de recherche et études stratégiques sur les systèmes agroalimentaires) a présenté les différentes alternatives agricoles du 21ème siècle. Le FIAN, organisation internationale qui lutte pour la réalisation du droit à une alimentation adéquate et à la nutrition pour tous, a abordé la question de l’accès à la terre, un défi pour les agriculteurs à travers le monde, mais aussi les manières d’agir au niveau politique et citoyen. Enfin, l’ONG Humundi a décortiqué les problématiques liées à la mondialisation des échanges agricoles à travers deux cas illustratifs : la dépendance de la Wallonie au commerce international et l’impact des exportations européennes sur le revenu des éleveurs d’Afrique de l’Ouest.
Louvain Coopération est reconnue par la Fédération Wallonie-Bruxelles comme association d’Éducation Permanente. Cela implique que nous favorisons et développons chez les jeunes adultes une prise de conscience et une connaissance critique des réalités de la société. Nous veillions aussi à leur insuffler des capacités d’analyse, de choix, d’action et d’évaluation, afin de faire naître des attitudes de responsabilité et de participation active à la vie sociale, économique, culturelle et politique.
Dans ce cadre, nous avons développé différents projets, comme le travail réalisé avec les résidents et résidentes du Centre Placet (foyer destiné aux étudiant·es de l’UCLouvain provenant de pays soutenus par la Coopération belge au développement) sur la question de la (dé)colonisation, qui a abouti à l'organisation commune de cycles de conférences.
Nous collaborons également avec La Chaloupe, une organisation d’aide en milieu ouvert pour la jeunesse à Ottignies, avec laquelle nous avons décidé de nous associer pour mêler nos publics et favoriser des échanges de jeunes Sud-Nord autour de la question d'interculturalité, particulièrement au Bénin.
Depuis le mois de février, un tout nouvel escape game s’est installé à Louvain-la-Neuve. L’objectif ? Résoudre les énigmes disséminées dans Louvain-la-Neuve en un temps limité pour percer le secret d’une horloge maudite. Louvain Coopération, la Maison du Développement Durable (MDD) et l’UCLouvain ont uni leurs forces pour mettre sur pied ce projet qui, de manière ludique, nous permet de nous pencher sur les grands enjeux de notre planète.
« Chers confrères, un objet maudit m’est parvenu, bien malgré moi. À première vue, il ne s’agissait que d’une simple pendule. Et pourtant, elle dissimule des secrets que je ne soupçonnais pas. En essayant de la remettre en route, j’ai découvert que d’autres scientifiques s’étaient penchés sur son cas, et sont tous tombés sur le terrible secret de l’horloge. Je vous écris pour vous demander et vous enjoindre de toutes mes forces de ne pas ouvrir cet artefact dangereux. Ce qu’il montre est insupportable et je l’ai scellé à tout jamais. Le destin de l’humanité restera secret pour toujours. »
C’est par cette missive datée de juillet 1965 que Georges Lemaître pose les jalons de votre partie. En équipe de 6 à 12 joueurs, vous disposerez de 60 minutes pour percer le secret de la Pendule de Vitruve. Vos méninges, vos jambes et votre connaissance de la cité néolouvaniste vous seront bien utiles pour résoudre les nombreuses énigmes qui vous seront soumises !
L’expérience vous tente ? Réservez votre partie: https://lapenduledevitruve.be
Les activités menées par Louvain Coopération en Belgique sont nombreuses et variées. Organisées tout au long de l’année académique, elles visent à sensibiliser le monde universitaire, en particulier les étudiants et étudiantes, aux déséquilibres Sud/Nord, aux inégalités de genre, ainsi qu’aux problèmes environnementaux.
En tant qu’ONG universitaire, Louvain Coopération est investie d’une mission fondamentale : outiller les adultes de demain que sont les étudiants et étudiantes, pour qu’ils puissent appréhender les grands enjeux de notre monde. De l’écologie, au féminisme, en passant par la décolonisation et, de manière générale, les rapports de domination Nord/Sud, notre équipe d’ECMS multiplie les activités pour interroger, avec les jeunes, les différentes facettes et systèmes qui se cachent derrière les grandes discriminations de notre époque.
Ces activités peuvent être intégrées à un cours ou être proposées de manière libre aux étudiants et étudiantes. Elles prennent la forme de conférences - débats, d’expositions, de pièces de théâtre ou encore de week-ends de formation et sont organisées sur les campus de Louvain-la-Neuve et de Woluwe.
L’éducation à la citoyenneté mondiale est une éducation holistique qui ouvre les yeux des individus aux réalités du monde et les incite à œuvrer pour davantage de justice, d’équité et de droits pour tous.
Déclaration de Maastricht 2002
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